Dans Le Barman du Ritz, Philippe Collin raconte l’histoire du plus grand barman du monde, Frank Meier, durant l’occupation. Un roman historique, mais aussi un huis-clos où il est question d’amour, de lâchetés et de trahisons et bien sûr de cocktails merveilleux.
Journaliste, animateur de la fameuse émission Panique au Mangin Palace sur France Inter entre 2005 et 2010, scénariste de bandes dessinées (Le voyage de Marcel Grob, La Patrie des frères Werner), Philippe Collin est également auteur de podcasts historiques passionnants, dont le dernier en date apportait un éclairage très intéressant sur la personne et l’oeuvre de Louis Ferdinand Céline. Après avoir consacré des livres à Philippe Pétain et à Léon Blum, il publie cette fois son premier roman Le barman du Ritz.
Il y raconte l’histoire de Frank Meier, ce chef barman du Ritz, considéré à l’époque comme le meilleur de sa catégorie. Une juif ashkénaze, né en Autriche, combattant de la guerre 14-18, qui va se retrouver à servir quelque uns des plus hauts dignitaires nazis durant la seconde guerre mondiale.
L’histoire démarre en juin 40, au moment où les Allemands envahissent Paris. Bon nombre de chefs de l’armée allemande sont hébergés au Ritz. Parmi eux, se trouve Hermann Göring, morphinomane et cocaïnomane invétéré.
Au fil des mois et des années, Frank Meier va servir des cocktails à toutes sortes de personnages : collaborateurs, résistants, personnages louches, vedettes de l’époque (Arletty, Cocteau, Coco Chanel, Sacha Guitry, Ernst Jünger…). Au Ritz, tout le monde se méfie de tout le monde et chacun craint pour son avenir et pour sa peau, à commencer par Frank, qui pourrait à tout moment être dénoncé, arrêté et déporté du fait de ses origines.
Philippe Collin nous plonge dans cette ambiance très particulière qu’est celle du Ritz durant l’occupation, avec un roman en forme de huis clos, qui gagne en profondeur et en intensité au fil des chapitres. Trahisons, coups bas, manipulations, lâchetés, faux-semblants et amours impossibles sont au programme de ces 400 pages qui vont révéler la part sombre des hommes en temps de guerre.
Un récit que l’on suit notamment à travers le journal intime de Frank Meier, lui, l’amoureux transi dont les pensées sont occupées par Blanche Auzello, femme troublante mais inaccessible, et pour laquelle il va trembler durant de longs mois.
Le barman du Ritz nous fait ainsi entrer dans ce lieu prestigieux de la Place Vendôme, pour ne plus nous laisser en sortir, pour nous faire découvrir cet établissement de l’intérieur, son bar, bien sûr, mais aussi ses chambres et même ses passages secrets qui peuvent sauver des vies. Et même si l’on connaît la fin de l’histoire, avec son dénouement heureux, on se plaira à écouter les confidences et les états d’âmes des uns et des autres – Sacha Guitry notamment – qui viennent se confier dans l’oreille bienveillante et discrète de notre Frank Meier.
C’est un beau et singulier roman que nous propose là Philippe Collin. Une immersion palpitante dans ce lieu à la beauté unique, pour évoquer un bout d’Histoire de France, par le prisme d’un homme qui évitera le pire malgré une arrestation à la fin de la guerre, et dont le destin remarquable méritait bien un livre.
PS : En annexe, on pourra découvrir les photos de quelques uns des personnages citées dans le roman, mais aussi savoir ce qu’ils sont devenus par la suite.
Benoit RICHARD