Le sixième album de Matthieu Malon se nomme Bancal et signe le retour des guitares. Les dix titres, sur fond de rock indé, parcourent les turpitudes de la vie à travers des textes poignants.
En perpétuel mouvement, électronique avec Laudanum, rock sous son nom ou en collaborations diverses avec Brûlure ou Breaking The Wave, Matthieu Malon partage son quotidien entre Orléans et Paris. Son précédent album Le Pas De Côté (2019), composé dans le train s’affichait électro-pop. Bancal, son sixième album, signe le retour des guitares.
D’une voix blanche, Matthieu Malon partage ses histoires de vie, son plectre émotionnel résonne dans les cordes indie, qui au détour des dix titres, convoque d’incontournables flashbacks : Diabologum, Sugar ou encore Daniel Darc / Taxi Girl.
En A1, Les Orties file droit, le métronome est en verve comme les guitares saturées. Les notes obsédantes se rallient au chant qui mentionne une ballade au milieu de chardons. Une métaphore sentimentale ? Sur Jusqu’à Demain l’Orage, la voix de Matthieu Malon évolue en apesanteur au-dessus d’un mur sonique, l’arrière boutique mélodique est tenue par la basse, un violon fantomatique passe.
Crossover parfait, l’éponyme Bancal trouve les justes mots, épure le rythme de superflu. Le refrain est sombre et noisy, les claviers cold et les guitares lo-fi trouvent l’éclaircie. C’est Bien Parce Que C’est Toi donne le ton. Avec ses riffs accrocheurs et son clavier « à la The Rentals« , on plonge directement dans l’alternative rock des 90’s alors qu’Un Secret Pour Personne sature de distorsions quant M. Malon lâche des mots désabusés « Tous pourris tout déconne, je vois pas ce qui te questionne ».
Dévoilant une facette plus pop, La Nuit Ne Nous Suffit Pas acte un refrain efficace paré des chœurs signés Diane Borderieux. Sans Emballage préserve une mélancolie sereine qui trouve sa voie dans les strates de guitares et de synthétiseurs. M.Malon maîtrise les mots, les émotions défilent. En vrac comme il le dit. Le ton narratif est conservé sur Alter Ego, dopé par un superbe solo et d’une boîte à rythmes minimale. Suit un beau moment d’introspection, Un Echange arrache des larmes à un borgne, aidé d’un piano crépusculaire. Daniel Treacy, leader reclus des merveilleux Television Personalities appréciera la réinterprétation en français de She’s Never Read My Poems. Sorti en maxi 45t en 1991, ce titre est un vrai moment de bonheur, avec des incartades stereolabiennes qui magnifient la mélodie initiale.
Comme souvent, Matthieu Malon se livre sans détour. Avec Bancal, il magnifie ses textes désenchantés sous l’influence divine des guitares avec la même force symbolique qu’une larme tatouée au coin de l’œil.
Mathieu Marmillot