Six albums au compteur et originaire de Seattle, le groupe Californien La Luz revient depuis sa galaxie pour nous livrer une musique où la pesanteur s’est volatilisée, le tout dans un format délicieusement psychédélique.
C’est le moment de vérité, celui de vous parler de La LUZ dont la musique est une radiographie des flux spirituels dans sa plus pure expression. Ce projet mené par Shana Cleveland est celui d’une douleur, d’une souffrance intime, que la guitariste-chanteuse a réussi à surmonter. Il n’est nullement question d’énergie du désespoir, le carburant de La LUZ est avant tout naturaliste, un état de conscience visionnaire. Un concentré de chansons où s’entrecroisent, bourdonnements aux couleurs mélodiques avec l’électricité de la fuzz, un melting musical et vocal parfaitement équilibré.
Faisons transition si vous le permettez : l’instant se prête aux considérations philosophiques sur la folie de notre temps. Nous voilà embourbés dans les marécages d’un monde en sursis, prompt à célébrer à court-terme la dernière nouveauté, proclamant à qui veut l’entendre du bien fondé de sa logique mortifère. Seules alternatives, l’imaginaire permet de s’affranchir momentanément de ce bourbier. News Of The Universe arrive à point nommé. L’intro A Cappella Reaching Up to the Sun préfigure les intentions thématiques de l’album, à savoir une porte de sortie que Strange World propose, avec ses synthés arpégés. La LUZ s’éloigne de la surf music et du garage qui étaient les marqueurs de leurs précédents albums. Il règne ici une ambiance plus spatiale, éthérée, que les choeurs du quatuor féminin enlumine avec délicatesse. Poppies ou I’ll Go With You atteignent un paroxysme tel que le plaisir devient quelque chose dont l’oreille réclame un replay quasi-automatique.
La place aux riffs mélodiques est centrale, sur Close Your Eyes, on ressent ce même vertige que procure A Ghost sur l’album Manzanita de Shana Cleveland, cette vaste impression de voyage.
Si les artistes décident d’écrire pour se mettre au service d’impératifs choisis par les autres, éclairés par une certitude et dirigée par des instances hors champ, on peut aisément dire que la composition est démystifiée. La LUZ diffuse une lumière au delà des méridiens, les nouvelles depuis l’univers sont peut-être plus rassurantes que celles d’ici bas. En cette période obscure, la moindre lueur est un rayon providentiel.
FRANCK IRLE