Wu Qinqsong poursuit notre initiation au monde du « manhua », la bande dessinée chinoise, ici dans sa version fantastique.
Depuis trois siècles, les Brumes écarlates, jadis sorties du néant, sèment la mort et la destruction sur les terres habitées. Pour survivre, l’humanité s’est réfugiée au sommet des montagnes. Les plus habiles guerriers ont appris à les combattre. S’ils parvinrent, un temps, à les repousser, jamais ils ne les ont vaincues. Or, on raconte que la mystérieuse « pierre aux cinq couleurs » pourrait les détruire. Tout ce que le monde compte de héros s’est lancé à sa recherche. Qui, de Wuding, le fossoyeur de dieux, et de ses rebelles, de Du Shu, son rival, ou des armées des royaumes de Tiellu, Qingqiu ou Danzhu, y parviendra ? La course est dans tous les esprits. Tous les coups sont permis, la fin justifie les moyens !
Ce second tome est conforme au premier. La forme est magnifique, le dessin d’une richesse rare, mais le scénario se révèle d’une infinie complexité. N’oppose-t-il pas des royaumes ennemis et un bestiaire fantastique, de sombres généraux et de gracieuses princesses, de machiavéliques ministres et de ténébreux rebelles, sans oublier d’impénétrables agents doubles ou triples ? Même si Wu Qinqsong nous honore de quelques planches pédagogiques et d’une belle carte, à mon sens, il abuse des complots et des pièges.
Le dessin est brillant. Le travail sur les textures, les expressions ou le bestiaire est admirable. Si, par sa nervosité, le traitement des combats rappelle le style des mangas d’action, le trait est infiniment plus précis. La séquence de combats aériens est particulièrement réussie.
Le premier tome était sorti en 2021. Pour l’anecdote, dans la dernière page, Wu Qinqsong en personne présente ses excuses à ses lecteurs pour les trois années d’attente. Vous serez heureux d’apprendre qu’il s’engage à livrer la suite rapidement. La série devrait comporter 5 tomes. J’en prends acte !
Stéphane de Boysson