Vous vous plaignez que le Rock actuel soit trop formaté ? Vous regrettez l’époque où les groupes français chantaient en… français ? La 7ème édition du Festival Restons Sérieux, au Supersonic cette semaine, est faite pour vous. Et pour tous les autres qui aiment découvrir des musiques nouvelles et décapantes, évidemment !
Benzine : Peux-tu nous expliquer qui tu es et ce qu’est ce festival « Restons Sérieux » ?
Charles : Oui, bien sûr ! Je travaille au Supersonic, et je fais partie de l’organisation de la septième édition du festival Restons Sérieux. Ça se passera sur trois jours, du 10 au 12 juillet, entre le Supersonic et le Supersonic Records, avec 15 groupes, et une nuit, le jeudi 11, avec un DJ Set.
Benzine : La septième édition, déjà ?
Charles : Oui, même si, avec le Covid il y a eu une édition qui n’a pas eu lieu.
Benzine : Tu es avec le Festival depuis les premiers jours ?
Charles : Non, je n’étais pas là au départ, j’ai rejoint le wagon pour les trois ans du festival. Personnellement, je suis un aficionado de tout ce qui traverse le monde francophone de la musique. Et à la base, je suis fan du punk 80, je n’étais pas né à l’époque, mais ça a été mon héritage, et c’est dans cette logique que le Festival Restons Sérieux me parle personnellement…
Benzine : Justement, peux-tu nous expliquer le concept derrière ce festival ? « Restons sérieux », on s’attend à ce que ça soit de la musique humoristique, voire amusante ?
Charles : Pas exactement, le but du festival, c’est de représenter tout le beau et le bizarre de la musique francophone. Alors oui, on peut parler d’humour, mais c’est surtout la musique « décalée » qui nous intéresse. On est le seul festival en France qui a cette proposition. Et d’ailleurs, le festival a tout de suite rencontré son public. Peut-être parce que ce sont des musiques, des groupes, des artistes que, nous, d’abord, on aime, et qu’on choisit pour faire la programmation…
Benzine : Tu parles de musique francophone, les groupes et les artistes doivent chanter en français ?
Charles : C’est un must que les groupes chantent en français, oui. C’est rare aujourd’hui de chanter en français, alors que c’est la meilleure manière d’exprimer des choses, de raconter des histoires qui touchent le public, qui touchent en fait un public plus large qu’on ne le pense.
Benzine : Chez Benzine, nous sommes très motivés sur le sujet de l’utilisation de la langue française dans le Rock. Historiquement, dans les années 60, 70, 80… quasiment tout le Rock était chanté en français, et ça lui offrait une assise large et populaire…
Charles : Oui, c’est dommage d’avoir abandonné depuis une vingtaine d’années le français comme langue du Rock, c’est souvent une facilité. Pour les gens de ma génération, qui n’ont pas connu le rock français des années 80 – je pense à la poésie de Daniel Darc -, Restons Sérieux représente cette opportunité de renouer avec cet héritage. Il faut dire au public qu’il existe autre chose que la langue anglaise, qu’il faut être curieux. On a eu au Supersonic Gwendoline, le formidable groupe breton, qui montre que c’est beaucoup plus pertinent, plus incisif de parler en français de ces choses qu’on a besoin d’entendre dans la situation actuelle. D’autres exemples, j’adorais un type comme Jean-Luc Le Ténia, et aujourd’hui j’aime beaucoup Trotski nautique et David Snug : des gens qui parlent de thèmes pertinents, de choses importantes que les gens comprennent, le tout présenté avec beaucoup d’humour.
Benzine : Souvent les artistes et les groupes nous disent que c’est nécessaire aujourd’hui de chanter en anglais pour se faire connaître hors de France…
Charles : Je rencontre tous les jours au Supersonic des groupes internationaux, et si on parle de ça, ils disent apprécier plus les groupes français chantant en français, ils trouvent finalement un peu ringard ces Français qui chantent en anglais !
Benzine : Et la programmation de cette année, alors ?
Charles : C’est une programmation particulièrement fantastique cette année sur les 3 jours. Impossible de parler en peu de temps de tout le monde, mais je veux signaler Choses Sauvages, un groupe québécois qu’on attend impatiemment, ils se décrivent comme faisant du dance punk. La scène de Montréal est quelque chose de particulièrement passionnant en ce moment ! On a aussi par exemple le groupe l’Ecuyer, quelque part entre Gwendoline et Noir Boy George, qui parlent de sujets archi-sociaux, dont on a besoin. Il y a Pronostic vital qui est une vraie curiosité, à découvrir. Et puis MDNS, qui viennent du rap et s’inspirent du rock, c’est une sorte de « nouveau punk », qui correspond à ce que les jeunes de 18 ans ont envie d’entendre aujourd’hui : ça rend le rap has been !
Mais il y en a trop d’autres pour les lister ici, une seule solution : venir au Festival chaque soir !
Propos recueillis par Eric Debarnot le 27 juin