C’était l’un des albums les plus attendus de cet été 2024, et il ne déçoit pas. Paint a Room, 4e album solo de Chris Cohen, vient confirmer toute l’importance des musiques subtiles et délicates de cet ancien membre de Deerhoof.
Comme souvent, chez Chris Cohen, la première écoute laisse l’impression d’un album qui ne paye pas forcément de mine. Et puis une fois décantée, la musique de cet ancien membre de Deerhoof commence à faire son effet, à dévoiler ses charmes et sa subtilité. Il faut dire que le garçon a un CV qui force le respect. Membre de The Curtains, Natural Dreamers, collaborateur, entre autres, de Cass McCombs, producteur de l’album Front Row Seat to Earth de Weyes Blood, le Californien a, au fil des décennies, construit une discographie solo (4 albums en 12 ans) sans la moindre fausse note, avec notamment Overgrown Path, sorti en 2012, et qui reste, à ce jour, sa plus belle réussite. Toutefois, le nouvel album de ce multi-instrumentiste pourrait bien venir changer la donne.
Pour la première fois, avec Paint a Room, on pourra noter une évolution sensible dans le style de Chris Cohen, tout en restant assez fidèle à une ligne musicale de laquelle il s’écarte peu. Ce nouvel album, sorti sur le label de Seattle Hardly Art, propose 10 titres relativement courts, de trois minutes maxi, pour un total de 29 minutes.
Un ensemble pop, très tranquille, rappelant tour à tour l’esprit des musiques de Kurt Vile, Mac DeMarco, The High Llamas ou encore Robert Wyatt, qui dévoilera, au fil des écoutes, des tonalités empruntées au jazz ou à la Bossa Nova. Et c’est sans doute là qu’est la réelle nouveauté de cet album.
Car en plus de proposer une production nettement moins lo-fi qu’à l’accoutumée, Paint a Room bénéficie de l’apport notable des musiciens de scène de Chris Cohen, mais également des jazzmen Jeff Parker et surtout Joyce Johnson qui signent des arrangements de flûte, de saxophone et de clarinette très beaux, à l’image notamment du titre Laughing. Mais plus globalement, Paint a Room dévoile une palette de teintes sonores aussi audacieuse que variée, avec des titres aussi différents que Dog’s Face, Sunever, Physical Adress ou encore le chatoyant Physical adress.
Comme toujours, on retrouve, en toile de fond, une forme de mélancolie légère et très agréable, due en partie à la voix et à la manière de chanter de Chris Cohen qui offre un charme évident à cette production d’un grand raffinement.
Benoit RICHARD