On l’avait déjà repéré avec les Wilder Maker, notamment en 2022 avec l’album Male Models, on le retrouve en 2024 en solo avec un album indie pop rock adorable. Son nom : Gabriel Birnbaum. On fait plus ample connaissance avec le bonhomme avec sa sélection 5+5.
Dans la plus pure tradition de ces groupes US 90/2000 (Wilco, Folk Implosion, Bill Callahan, eels et tant d’autres d’autres), Gabriel Birnbaum est de retour avec 12 nouvelles chansons, entre folk rock et Blues, dans lesquelles il évoque la vie, les potes et le Monde qui tourne à l’envers. Un disque d’aspect classique mais qui renferme de sacrés bonnes chansons, à l’image de The More They Come Around, le titre le plus rock du disque, ou encore de la ballade Wild A Hart (qui rappellera quelque peu Radiohead. Patron Saint of Tireless Losers est un album mélancolique et plein de charme, à découvrir sans tarder.
5 disques du moment :
Broadcast: Spell Blanket – Collected Demos 2006-2009
J’ai toujours eu un faible pour les démos des artistes que j’aime. Plus il y a de sifflements et d’imperfections, plus c’est magique pour moi. Trish Keenan était une auteure-compositrice brillante qui écrivait comme personne d’autre – sur le plan lyrique, harmonique et mélodique, elle créait son propre monde. Je garde une playlist des chansons qui m’ont arrêté et m’ont fait prêter attention, et il y en avait une demi-douzaine dans cette collection.
Oren Ambarchi/Johan Berthling/Andreas Werlin – Ghosted II
J’aime la répétition évolutive, et j’aime quand des artistes aussi variés qu’Ambarchi ont un projet dont le but est d’explorer un concept aussi profondément que possible. Pour autant que je sache, chaque morceau de Ghosted est construit autour d’un ostinato de basse en boucle que Berthling maintient tandis que Werlin et Ambarchi se déplacent autour de lui, épaississant progressivement la musique jusqu’à ce qu’elle atteigne son apogée avant de s’évanouir. C’est absolument hypnotique.
Anouar Brahem – Blue Maqams
J’aime écouter des disques en m’endormant, et j’ai toute une collection d’albums que je trouve parfaits pour ça, et que j’appelle le plus souvent « sleep jazz ». Celui que j’ai écouté dernièrement est cet album ECM du joueur de oud Anouar Brahem. L’orchestre est excellent (Dave Holland, Jack DeJohnette, Django Bates) et j’adore l’atmosphère nocturne qui s’en dégage. J’ai l’impression qu’il exige une attention parfaite pour calmer l’esprit.
Eiko Ishibashi – Drive My Car OST
Je ne sais pas exactement quoi dire à ce sujet, si ce n’est que je gravite autour de cette BO comme un papillon de nuit autour d’un lampadaire. D’une certaine manière, c’est presque toujours ce que j’ai envie d’entendre. C’est peut-être l’influence du titre, mais j’ai toujours l’impression de naviguer avec légèreté dans des paysages ouverts lorsque je mets ce disque. Je n’ai même pas encore vu le film, même si j’ai adoré Happy Hour.
Ryan Davis & The Roadhouse Band – Dancing on the Edge
Je roulerai toujours pour Ryan Davis, l’un des meilleurs paroliers de notre époque. Il s’agit peut-être du seul disque de rock et d’écriture de l’année dernière que je me suis senti obligé d’écouter encore et encore, pour essayer de le décomposer et de comprendre comment il fonctionne. Une véritable réussite.
5 disques pour toujours :
Mark Hollis – Mark Hollis
J’ai découvert ce disque tardivement, mais il est absolument intouchable. J’ai dit à un ami que je l’avais écouté sans arrêt récemment et il m’a dit quelque chose comme « oh, tu veux dire l’une des plus grandes choses jamais réalisées par la main de l’homme », et il a raison. Les empreintes digitales de ce disque sont partout dans la musique de Wilder Maker à venir.
Gillian Welch – Time (The Revelator)
Les sommets de cet album sont tellement élevés. Revelator est une de mes chansons préférées de tous les temps –Everything is Free était incroyablement prémonitoire. I Dream a Highway est un exutoire de 15 minutes. Et les harmonies vocales Welch/Rawlings ne vieilliront jamais.
The Walkmen – You & Me
Je n’avais pas réalisé, lorsque je l’ai écouté pour la première fois, à quel point ce disque allait m’accrocher. J’avais adoré les deux précédents albums des Walkmen et j’ai trouvé la production de celui-ci plus distante au début, mais avec le temps, j’y suis revenu sans cesse. Il parvient à maintenir une ambiance de fin de soirée imprégnée de cigarettes, d’ivresse, d’adultère et de plaisanteries morbides tout au long d’un ensemble musicalement varié. New Country est furtivement l’une des meilleures chansons de cet album. J’avais l’habitude de la reprendre.
Billy Woods – Hiding Places
C‘était mon introduction au monde de Backwoodz Studioz et il aura toujours une place sur ma platine. Toutes les qualités classiques de Woods sont présentes : une colère féroce, un amour profond des mots et de leur son (« Felt like the internet, snipers in the minaret, Little tiny spoon for the mignonette »), une atmosphère noirâtre de monde déchu, et même si celle-ci est plus sombre que la plupart des autres, nous avons encore quelques références aux cocktails et à la cuisine. De la pancetta sur un bon dé !
Grant Green – Idle Moments
C’est juste un classique, magnifique, un disque Blue Note qui s’écoute à l’infini. J’ai lu que le morceau-titre (15 minutes !) était censé durer la moitié de cette durée, mais qu’il y avait eu une confusion sur le nombre de fois où un « chorus » devait être joué, et que tout le monde s’est retrouvé à faire des solos pendant deux fois plus longtemps que prévu. Le résultat est une ballade étonnante avec des solos magnifiques et lyriques de tout le monde, en particulier de Joe Henderson, et un morceau qui m’a fasciné par la façon dont il a transformé quelque chose d’agréable et de plaisant en quelque chose d’audacieux et de mémorable simplement en le prolongeant au-delà de la durée prévue.
PS : Eric Chenaux m’a volé mon choix d’Ahmad Jamal !
Gabriel Birnbaum – Patron Saint of Tireless Losers
Label : Western Vinyl
Date de sortie : 14 juin 2024