[Expo] « La BD à tous les étages », au Centre Pompidou jusqu’au 4 novembre

A Beaubourg en ce moment, une exposition majeure qui parvient à synthétiser ce qu’est la BD aujourd’hui et à en montrer la diversité. Sans totalement convaincre toutefois, sauf si l’on décide de voir le verre à moitié plein.

La BD à tous les étages

La BD est célébrée en ce moment dans un grand musée parisien, excusez du peu, le Centre Beaubourg. Décidément, le neuvième art n’en finit pas d’acquérir la reconnaissance du monde de la culture.

La BD à tous les étages Depuis fin mai et jusqu’en novembre, le centre Pompidou braque les projecteurs sur la bande dessinée, avec cinq expos simultanées, une grande et quatre petites. Dit comme ça, c’est plutôt alléchant. On est donc allés sur place pour se rendre compte.

L’événement se décline en cinq parties. La plus importante se trouve évidemment au 6e étage, et concerne l’histoire de la BD de 1964 à nos jours. Autant le dire, c’est un gros morceau, il m’a fallu près de deux heures pour la parcourir, et encore, je ne me suis pas forcément attardé. Alors oui, elle est extrêmement riche et constitue un excellent aperçu pour les profanes qui souhaiteraient s’initier, mais aussi un rappel peut-être bienvenu pour les plus bédéphiles.

Cette « traversée de l’histoire moderne et contemporaine du 9ème art », à l’échelle internationale, s’ouvre avec la BD underground, qui a contribué à faire passer la discipline de fantaisie futile destinée aux enfants à un statut plus adulte, et ce en épousant le mouvement contestataire des années 60. Plusieurs thématiques très variées, dans les domaines de la BD franco-belge, du comics, du manga ou du roman graphique, plus universel, vont ainsi se succéder : l’humour, l’horreur, la littérature, la ville, la géométrie, etc.

On retrouvera plusieurs planches des pointures du neuvième art, des « pères fondateurs », terme dont j’ai conscience qu’il peut apparaître déplacé et qu’on pourra éventuellement remplacer par « ancêtres » (Hergé, Uderzo, Crumb, Druillet, Moebius, Will Eisner, Claire Bretécher, Tardi…) aux récentes révélations (Martin Panchaud, Brecht Evens, Catherine Meurisse, Richard McGuire… ), en passant par les contemporains plus installés (Etienne Davodeau, Rabaté, Charles Burns, Riad Sattouf, Chris Ware, Taniguchi…). Bref, si cette expo a de quoi satisfaire les novices en quête d’un « digest » qui leur permettra de s’orienter vers leurs champs de prédilection, pour les autres, ce sera peut-être un peu plus nuancé…

La BD à tous les étages

Hormis la sympathique installation des maquettes d’immeubles illustrant le thème de la ville, il n’y a pas vraiment de surprises. Ok, certaines planches originales sont très belles, les quelques petits films et animes disséminés ça et là font l’affaire, et c’est bien le minimum pour un tel événement. Mais l’ensemble est tout de même assez académique et manque de fantaisie sur le plan de la scénographie, ce qui empêche de qualifier l’événement d’incontournable.

Une fois ce gros morceau terminé, on descendra d’un cran jusqu’au niveau 5 pour voir comment le neuvième art peut s’immiscer dans l’art contemporain. C’est d’abord dans les traverses de la collection du Musée national d’Art moderne que l’on va découvrir les planches iconiques de six grandes figures de la bande dessinée, dont Hergé et Winsor McCay. Ensuite, c’est au cœur même du musée que l’on examinera les résonances entre plusieurs auteurs de BD et les œuvres de la collection, notamment Edmond Baudoin, David B., Lorenzo Mattotti, ou encore Emmanuel Guibert. Cela permettra non seulement de redécouvrir les tableaux d’auteurs contemporains mais aussi comment le 9e art arrive désormais à dialoguer avec le 3e art.

La descente se poursuit jusqu’au second niveau, où, au sein même de l’immense bibliothèque du centre, on pourra s’immerger dans la vie romanesque de Corto Maltese, avec une mini-expo dédiée à l’emblématique héros d’Hugo Pratt devenu mythique et qui délectera les aficionados.

La BD à tous les étages

Et si l’on a encore suffisamment de motivation et de temps après ça (près de trois heures me furent tout de même nécessaires pour voir les trois expos énoncées plus haut, et encore sans s’attarder plus que ça), on pourra peut-être apprécier au niveau 1 une expo consacrée à Marion Fayolle, davantage destinée au jeune public. Celle-ci nous invite à découvrir « son univers poétique et décalé avec une installation immersive sous forme de bivouac. » Et toujours plus bas, au niveau -1, on terminera par une découverte : les « nouvelles formes de narrations graphiques », chapeautée par la revue Lagon qui fête ses dix ans, avec une approche aux confins de la BD en liaison avec diverses pratiques artistiques (peinture, sculpture, installation, jeux vidéo, design graphique…), à mille lieues de Tintin ou d’Astérix. On est ici dans l’avant-garde pure, et c’est logique. Pas de doute, on est bien au Centre Pompidou.

On l’avouera avec une pointe de regret, et de honte aussi, le temps a manqué – et sans doute un peu d’énergie aussi — pour voir la totalité de ce méga hommage à la BD. Un conseil si vous comptez avaler « tous les étages » sans trop courir, prévoyez au minimum un après-midi entier.

La BD à tous les étages
Au Centre Pompidou, jusqu’au 4 novembre 2024

 

La BD à tous les étages – Reportage-maison :