Le mot surprise ne va pas forcément à No Name, dernier album de Jack White. Mais ce dernier prouve sans effort que fidélité aux Rock des origines ne rime pas toujours avec naphtaline.
No Name, c’est d’abord un vrai coup marketing. Deux semaines avant la date de sortie officielle, White fait distribuer l’album comme cadeau surprise vinyle aux clients de ses boutiques de Londres, Nashville et Detroit. Aux inévitables partages sur la toile s’ajoute celui de White en personne. Clin d’œil aussi plaisant que roublard au temps où les adolescents partageaient dans la cour de récréation des copies cassettes et des 33 tours d’une compile des Stooges ou du Velvet. Objet à citations assumées. La pochette du 33 tours offert en boutique est blanche – là où celle du 33 tours commercialisé sera bleue -, comme pour un certain album des Fab Four. A moins que ça soit un clin d’œil aux White Labels, ces vinyles promotionnels sans étiquettes prisés des collectionneurs? Face A nommée comme un album de Black Sabbath (Heaven and Hell). Face B du nom d’un album des Stones sur un déclin brièvement interrompu par Some Girls (Black and Blue). Par contre, on ignore si le No Name du titre bleuté a quelque chose à voir avec L’Homme sans nom de la Trilogie des Dollars. White ayant joué dans le dernier Scorsese, on peut supposer que oui.
C’est que, si l’album n’est pas un chef d’œuvre, il est à l’image de Clint : classique et contemporain à la fois. Un Rock fidèle aux origines sans être muséifié. A comparer à la version Musée Grévin du tube rock minimaliste à la Seven Nation Army de Måneskin. Et en plus, contrairement au bon cru 2024 des Black Keys, White n’a même pas eu besoin d’injecter du sang neuf Beck et Noel Gallagher. It’s Rough On Rats (If You’re Asking) alterne ainsi arpèges Byrds et riff stonien. Archbishop Harold Holmes marie lui guitares à la Jimmy Page et un talk over tirant le morceau vers la farce. Un peu comme si White parodiait les prêcheurs escrocs vus dans There will be blood et les morceaux de Nick Cave.
Bombing out voit son déjà entendu interrompu par de la batterie façon intermède a capella de Whole Lotta Love accompagnée de wah wah. La ligne de basse entêtante et le riff Angus de What’s The Rumpus témoignent d’une verve qu’AC/DC n’a plus eue depuis Thunderstruck. Tonight (Was A Long Time Ago) évoque lui le Your Touch des Black Keys. Avec un titre qui pourrait être celui d’un classique Metal, Number One With A Bullet alterne enfin guitares Led Zeppelin et urgence Punk/New Wave.
Bien sûr, surtout par les temps olympiques qui courent, rien ici de ne fera de l’ombre à poooooo po-po-po-po poo poooo, morceau dont la reprise stadière fut l’aller simple de Jack et Meg White pour la postérité. Mais voilà un album rock ni poussiéreux ni élitiste pondu les doigts dans le nez.
Ordell Robbie
Il serait bon de critiquer sans toujours comparer.
Pas une phrase sans comparaison à une autre chanson.
Oui mais l’art de White se situe dans la manière de citer et reorendre ses modèles pour se les réapproprier. Et puis de toute façon toutes les chansons rock d’après les Beatles doivent quelque chose aux Fab Four.