Max Vento raconte et illustre les amours d’Oskar Kokoschka, peintre subversif, et Alma Mahler, riche veuve fascinante. Des amours violentes et dévorantes, mais fécondes artistiquement.
Oskar Kokoschka (1886-1980) appartient au Monde d’hier de Stefan Sweig. Encore paisible, ce début du XXe siècle vit la capitale de l’empire autrichien rivaliser, par la richesse de sa vie artistique, avec Paris et Londres. L’artiste est l’un des maîtres de la peinture expressionniste. Les critiques le jugent subversif. Plus tard, les nazis le classeront dans les « dégénérés ». Il se fait connaître, et souvent détesté, par des portraits ténébreux. Sur de son art, il ne craint pas les controverses. L’ancien élève de Gustav Klimt ne déclare-t-il pas peindre la psyché de ses modèles ? Si les représentations de ses clients peuvent laisser perplexe, ses autoportraits sont d’une rare puissance.
Le scénario de Max Vento s’articule autour de sa liaison avec Alma Malher. La veuve de Gustav Mahler est une femme indépendante, riche et fascinée par la gloire et le génie. Elle entend faire d’Oskar « son » génie. Or, Oskar est un amoureux passionné et jaloux de « sa » muse. Il veut l’épouser, elle exige une grande œuvre. Leur histoire sera volcanique. Il accouche de La Fiancée du vent. Elle admire la toile, mais le quitte pour épouser Walter Gropius. Cet architecte est, lui aussi, un génie, il va fonder le Bauhaus, l’une des plus illustres écoles d’architecture et d’arts appliqués.
Vento s’attarde sur les conflits et les réconciliations de ses héros. Il semblerait que, pour Oskar, il n’y ait point de génie sans folie… Tout au plus, peut-on regretter que, malgré un format généreux, Vienne ne soit réduite à un simple décor et que les célèbres amis d’Alma et Oskar soient juste cités.
Le dessin semi réaliste aux couleurs froides est d’un classicisme absolu, ou presque. Ses visages, aux curieux yeux sans pupille, sont souriants et expressifs. Il ne s’autorise qu’une jolie séquence onirique. L’ensemble est trop sage pour un peintre aussi audacieux.
Engagé volontaire dans l’armée autrichienne, peut-être par dépit, Oskar est gravement blessé. Il semble alors basculer dans définitivement la folie, mais il surmontera les épreuves et mourra dans son lit à 93 ans.
Stéphane de Boysson