10 albums Rap et R&B à retenir pour le 2e trimestre 2024

Si le rap truste l’actualité musicale quotidiennement porté par ses têtes de gondoles, il y a aussi tout une pelletée d’artistes talentueux derrière qui méritent un peu de la lumière. L’occasion ici de saluer quelques belles sorties de ces derniers mois.

selection-rap-2e-trimestre-2024

Vince Staples – Dark Times

Si Vince Staples s’est montré d’une rigoureuse régularité sur la qualité de ses sorties, les dernières en date manquaient peut-être du sel supplémentaire pour les mettre au même niveau qu’un Summertime ’06, toujours mètre étalon de sa discographie.
Ce Dark Times vient remettre les choses en ordre, porté par des productions à l’instrumentation impeccable. Moins aventureux qu’à ses débuts, le rappeur californien joue la carte de la sécurité mais trouve, avec cette ambiance vernie d’une couche de soulful, un terrain de jeu parfait pour son flow posé et son écriture désabusée mais si précise. Le format court est, de plus, une très bonne idée pour ne pas ramollir.

Rapsody – Please Don’t Cry

En terme de mceeing pur, peu sont ceux qui peuvent se targuer de tenir la dragée haute à Rapsody. Plus de dix ans que la rappeuse de Caroline du Nord égrène ses talents de kickeuse hors-pair, doublée d’une bonne plume.
Please Don’t Cry, son premier album en cinq ans, ne viendra évidemment pas ternir sa réputation.
Bon point d’avoir opté pour les productions smooth de BLK ODYSSY, venu confirmer ses prédispositions d’orfèvre.

NxWorries – Why Lawd ?

Avant de devenir l’un des mastodontes de la scène R&B actuelle, Anderson .Paak s’était fait remarquer lors de ses classes au sein de NxWorries en compagnie du talentueux producteur Knowledge.
Et c’est avec gourmandise et un certain plaisir que l’on retrouve le duo huit ans plus tard, remettant le couvert pour une bonne dose de de doux sons laidback californiens.
L’alchimie est intacte, c’est good vibe du début à la fin et on se laisse totalement bercer par cette ambiance cotonneuse.

 

Common & Pete Rock – The Auditorium vol.1

Réunion nostalgique et au sommet entre deux activistes de la scène hip-hop depuis plus de 30 ans avec d’un côté l’un des producteurs phares du début des 90’s, Pete Rock, et de l’autre le rappeur engagé et poétique Common.
Un mariage de raison entre deux artistes partageant la même vision de leur art et la même façon de le pratiquer. Aucune surprise donc à ce que l’alchimie soit évidente dès la première écoute où l’on retrouve les influences communes, ce flow linéaire quasi parlé sur des instrumentaux soulful à souhait.

Conway – Slant Face Killah

Parti du rafiot, c’est peut-être Conway qui incarne pourtant encore le mieux le son Griselda. Là où dernièrement Westside s’est essayé (à tort) aux beats trap et Benny se fait l’élève modèle, ce Slant Face Killah regorge de tout ce qui fait l’essence même du succès du label et de son boom-bap psyché: des samples distordus et du pliage d’instrus en mode freestyle avec les copains (Joey Badass, Method Man, Tech n9ne, Larry June).
On retrouve donc bien l’ADN et comme en plus les titres plus standards des Cool & Dre ou Swizz Beatz font aussi l’affaire, l’opus s’avère être un très bon cru.

Boldy James & Conductor Williams – Across the Tracks

Association pleine de promesses ténébreuses que celle du très actif rappeur Boldy James et du non moins travailleur producteur Conductor Williams.
Une union poussiéreuses, street et sombres pour un résultat à la hauteur des espérances, dans les clous, sans atteindre des sommets non plus.

Cavalier – Different Type Time

Officiant sur la scène rap underground avec talent, minutie et passion depuis une paye désormais, Cavalier est de nouveau au top de sa forme sur ce Different Type Time.
Quelque part entre boom-bap classique et tentatives plus alternatives, le MC de la Nouvelle-Orléans maitrise son sujet du début à la fin dans une ambiance feutrée et agréable.

Lucky Daye – Algorythm

Si la carrière de Lucky Daye tient tout d’abord à son apport artistique pour d’autres artistes de la scène R&B – jusqu’à atteindre les superstars Ariana Grande ou Beyoncé -, Algorithm pourrait bien changer sa trajectoire tant le chanteur de New Orleans se donne les moyens de ses ambitions. Un disque charnu, long peut être, mais truffé de tubes potentiels où funk et soul fusionnent dans un esprit charnel, chaud, qui ne manque pas de rythme.

Kehlani – CRASH

CRASH marque une évolution supplémentaire dans la carrière de Kehlani avec un goût toujours plus prononcé pour la pop grand public, un brin putassière. Pas l’idée du siècle clairement mais contrebalancée par un son R&B, lui, plus qualitatif, électrique et original que par le passé. Les cartes sont rebattues dans cet équilibre des forces et l’ensemble tient quand même la route, porté par les très bons morceaux.

Mach-Hommy – #RICHAXXHAITIAN

L’hyper-productif Mach-Hommy repasse sous format long avec #RICHAXXHAITIAN, album ambitieux où le rappeur haïtien convie une liste d’invités prestigieux (Kaytranada, Black Thought, Roc Marciano, Tha God Fahim etc) à son festin. Une ambiance fumeuse qui vient se heurter à son ADN politico-musical créole dans un bordel assez insaisissable, entre très bonnes idées et tentatives originales. Aussi déroutant que bluffant