Après Blade Runner et Ghost in the Shell, Arnau Sanz nous alerte : se pourrait-il, qu’un jour, les derniers signes d’humanité ne subsistent plus que chez les androïdes ?
Dans un futur indéterminé, affectés à des tâches secondaires, les robots sont autonomes, mais mal acceptés par la population. Androïde d’un modèle objectivement périmé, Sandra est professeur de dessin. Exclusivement féminin, son univers s’est réduit à son école de mode, à son amie qui s’éteint doucement et à ses visites à son ancienne maîtresse qui, bien qu’atteinte de la maladie d’Alzheimer, continue de s’intéresser à son travail. Sandra souhaitait participer à un concours, mais ses collègues humains ont refusé de l’intégrer dans l’équipe de l’école. Sa maîtresse l’encourage à se présenter seule.
Arnau Sanz développe un univers différent pour chacun de ses albums. Pour Erreur Système, il associe une élégante ligne claire et des formes géométriques simples à des couleurs exclusivement primaires et secondaires. Ce monde très vivement coloré surprend par sa froideur. Ses visages ronds expriment peu de choses. Si les androïdes sont limités par leur nature, les humains semblent privés de toute empathie.
Quand l’attention et le service des plus faibles n’est plus effectuée que par des robots, l’individualisme aurait-il définitivement triomphé ? Seule Sandra semble capable d’exprimer sa souffrance et de ressentir celle de ses proches. Par cette jolie fable douce-amère, Arnau Sanz nous alerte sur notre commune obsolescence affective. Pour finir sur une note optimiste, il est peut-être encore temps de réagir…
Stéphane de Boysson