« Oslo, de mémoire », de Didier Blonde : souvenirs de jeunesse au pays des saumons

Même si son livre Oslo, de mémoire ne nous fait pas vraiment découvrir la Norvège, Didier Blonde nous réjouira grâce à sa prose élégante et un récit baigné de douce nostalgie.

Dider Blonde 2024
© Francesca Montovani / Editions Gallimard

Didier Blonde intègre cette catégorie d’écrivains dont la prose molletonne le lecteur dans une nostalgie assumée avec une prose élégante d’honnête homme. Ses romans sont à prescrire aux cardiaques allergiques aux récits qui palpitent. Comme chez Modiano, la montée d’un escalier constitue la cascade la plus périlleuse du roman.

Oslo de memoireA défaut d’action, l’auteur poursuit sa traque des fantômes oubliés sur de vieilles bobines archivées et empilées sur des étagères colonisées par les araignées. Coupez. Pas le genre à couper la parole à un film muet, son narrateur les sous-titre et ressuscite la mémoire d’actrices dont le nom a disparu des génériques. Ce sacerdoce de moine copiste de la pellicule, attire l’attention de Liv, une jeune documentariste norvégienne qui veut réaliser un film sur une artiste scandinave, Cora Sandel qui vécut à Paris des années fofolles entre 1906 et 1921.

Ce n’est pas l’appétence du narrateur pour les omelettes norvégiennes ou la connaissance de cette artiste dont la célébrité n’a pas traversé les eaux trop glacées de son pays pour s’y baigner, qui vont le convaincre d’accepter cette collaboration. Non, c’est le souvenir d’une virée de jeunesse au pays des saumons gravlaxés et une amourette avec une certaine Inga, dont le prénom est déjà tout un programme, qui l’encourage à dire « Ja » aux sourcils jaunes. C’est parti pour un CityTour à pied dans le Paris des jours passés.

Didier Blonde, avec un tel pédigrée, ne pouvait qu’avoir qu’une certaine inclinaison pour les créatures scandinaves et pour faire un saut à Oslo. Son récit ne nous fait pas vraiment découvrir la Norvège. Si vous comptez visitez les fjords cet été, prenez plutôt un guide vert et une petite laine.

Ah, la Norvège, l’iceberg qui décore son paysage d’éoliennes entre deux chasses à la baleine. C’est le pays, paraît-il, où vivent les gens les plus heureux du monde malgré une météo pourrie. C’est aussi celui qui enregistre l’un des plus forts taux de suicide. J’adore tous ces paradoxes. le bonheur des uns fait le malheur des autres. Les rayons de romans « feel-good » me donnent aussi des idées noires.

Au terme de cette lecture apaisante au pays des flâneries, j’ai une petite envie d’omelette norvégienne. Non, je ne pense pas qu’à manger, mais les voyages, ça creuse.
Auprès de ma Blonde…

Olivier de Bouty

Oslo, de mémoire
Roman de de Didier Blonde
Editeur : Gallimard / Coll. Blanche
160 pages – 17€
Date de parution :  4 avril 2024