Le célèbre Lester Bangs, mort en 1982, était à l’honneur dans Les chemins de la musique sur France Culture, en 2000. Sa vie nous était racontée en 5 épisodes, à travers des témoignages et un regard sur son œuvre, reflétant l’histoire du rock américain.
En 2000, Marc-Alexandre Millanvoye décline pour Les chemins de la musique sur France Culture une série de cinq émissions consacrée au critique rock Lester Bangs. C’est l’occasion de parcourir sa vie, son œuvre prolifique, son style journalistique unique alliant acidité, ironie, provocation et mauvaise foi. À travers des extraits de ses articles et des témoignages d’autres critiques rock, la série nous replonge dans l’histoire du rock américain : du rock bruyant de Détroit à la fin des années 60 (MC5, The Stooges) à la naissance de la musique punk au CBGB de New York (New York Dolls, The Ramones, Television). Mais également dans la musique électronique du groupe allemand Kraftwerk, dans les années 70.
Pour toute une génération de journalistes de la presse musicale, des deux côtés de l’Atlantique, le nom de Lester Bangs est encore aujourd’hui synonyme d’idole, d’icône, de modèle. Entre la fin des années 60 et le début des années 80, il rédigera pour les revues Rolling Stone et Creem plusieurs centaines de textes et d’articles, apportant à la critique rock ses lettres de noblesse, et à l’histoire du rock des témoignages essentiels sur les courants musicaux, artistiques, idéologiques, sur les artistes et leurs albums, sur les époques.
« À la base, j’ai développé mon mode d’interview en posant aux artistes les questions les plus insultantes qui soient. Parce que le boulot de critique est terriblement ennuyeux, qu’il faut jurer obédience aux rock stars qui sont des personnes comme les autres » : les interviews et les articles de Lester Bangs sont réputées féroces, provocantes. Il n’hésite pas non plus à désacraliser les grandes icônes du rock comme Lou Reed ou David Bowie, à s’en prendre à l’industrie de la musique. Les rock critics Nick Kent, Jim DeRogatis et Dave Marsh reviennent sur sa carrière et les particularités de son style, sur son art de la critique unique en son genre.
Mais, au delà de l’exercice de la critique Rock, Bangs se considérait comme un véritable écrivain : « J’étais de toute évidence brillant, un artiste doué et un mâle sensible qui n’avait pas peur de montrer ses faiblesses. J’étais drôle, j’avais un sens de l’humour féroce, j’étais un individu vraiment unique et imprévisible, un artiste rock. J’étais probablement, sinon aujourd’hui, du moins demain, candidat au titre de meilleur écrivain d’Amérique. Qui était meilleur ? Bukowski ? Burroughs ? Hunter Thompson ? Laissez tomber. J’étais le meilleur. Je n’écrivais pratiquement que des chroniques de rock, et encore, pas tant que ça. »
Amaury de Lauzanne
Titre de 1977 avec John Cale au mix.