Passant avec aisance de la dance-punk au funk-hybrid, le Français exilé au Québec, Emmanuel Alias, a échangé sa guitare contre des machines électroniques sur son second album Embrace Chaos.
Véritable touche à tout, Emmanuel Alias n’en n’est pas a son premier essai. En 2022, le Français, qui vit au Québec, sortait un premier album, Jozef, aux sonorités plus rock et donc plus orienté guitares. Sans omettre de signer quelques bandes originales de séries diffusées sur la plateforme HBO et des productions sonores pour le Cirque du Soleil.
Le nouvel album, Embrace Chaos, fait la part belle aux séquenceurs et sons synthétiques qui le place dans des sphères plus electro-pop à la Futurs Island, avec quelques fulgurances plus dance-punk proche des filles de Le Tigre. Quant au chant anglophone d’Emmanuel Alias, il se dévoile percutant, suave, voir hip hop pour le phrasé. Il a fait appel à plusieurs invitées féminines québécoises : Virginie B., Meggie Lennon et Kroy.
À la fois minimalistes et foutraque, les titres les plus rythmés – Saigon, Mother Love, Evil Twin et Cursed – font preuve d’une efficacité redoutable. Les séquenceurs croisent le fer analogique avec une basse au couteau, les chants croisés gèrent une tension qui ne demande qu’à éclater le baromètre post-punk. Les claviers stratosphériques passés dans des effets pour guitares amènent ce plus expérimentale et les titres décollent vers des sphères plus new-wave. La batterie, de mèche avec les machines, rappelle parfois Lcd Soundsystem.
Plus électro-funk, Truth Or Trust, Demo 3 (I wanna hug you so bad) et Diet Coke On Ice enclenchent le turbo groove comme du Prince sous Fentanyl avant de virer dirty-funk. Alias se montre alors plus charnel, convoquant saxophone et claviers 70’s saupoudrés de quelques arrangements free jazz. Aux sons expérimentaux, la basse répond par un groove sec, la voix nonchalante maitrise l’ambiance nunchaku électronique. Plus saturé, Empty Head opte pour le headbanging que des chuchotements féminins viennent adoucir.
Mélancolique et entrainant, Water Calls réunit la mélodie et le bpm pour un voyage aux confins de l’inconnu alors que qu’Old Man laisse la basse et les samples s’emparer de la mélodie. Plus orienté électro, Evil Twin se dote d’une voix féminine acérée et pousse le curseur à 10, lâche les séquenceurs pour une montée interminable qui promet de beaux moments en concert alors que Cocktails and Dreams offre une bande son idéale pour voguer sur un vaisseau rave. Le coté sombre et chaotique d’Alias finit par s’exprimer sur Bad Kids, une basse distorsionnée répond aux paroles qui répètent « dance in the dark like a poison kiss », un tour dans les catacombes synthétiques dévoilent le coté sombre de l’artiste.
« Quand le chaos prend le contrôle de notre corps, de nos paroles et de nos actes, ça peut être bon » se plait a répéter Emmanuel Alias. Qu’il ne dévie pas, c’est tout ce qu’on peut lui souhaiter.
Mathieu Marmillot
« …enclenchent le turbo groove comme du Prince sous Fentanyl » : En plus d’être de très mauvais goût, ce (mauvais) trait de (mauvais) esprit est con comme la lune, un Prince sous Fentanyl étant dans l’inconscient collectif, un Prince définitivement muet.
Ou comment ruiner en 3 mots une chronique plutôt intéressante et juste au sujet d’un album excellent.