La synthé-wave de Gwendoline a résonné ce samedi 31 août dans le cadre de la fête des Bateliers à Colmar. Un choix musical qui a surpris, séduit et peut être dérouté les fans de musique schlager.
La petite scène ouverte du marché couvert trône au beau milieu des allées qui accueillent généralement les touristes et les étals des maraîchers le jeudi. La fête populaire draine un public de tout âge et principalement local. La programmation des brestois Gwendoline parut de prime abord hardie. Les textes en scansion décrivent la vie ordinaire à travers un filtre monochrome forcement désabusé. Cyniques et réalistes, ils donnent l’impression d’avoir été écrits au coin du comptoir d’un P.M.U. à 8h du matin, loin de toutes proses poétiques. Les chants, assurés par les deux fondateurs Pierre Barrett et Michaël Olivette, se répondent par punchlines interposées.
Gwendoline c’est un certain retour dans les 80’s, musique froide synthétique réchauffée par une guitare mélodique. Sur scène le guitariste JP Jacq distille ses notes aux sonorités new wave à la Motorama aidé par son condisciple Romain Rival au synthé Korg. Gwendoline s’apparente à la scène dépressive au côté de Bruit Noir ou Noir Boy George, et rend ainsi leur schlag-wave fréquentable. Avec deux albums au compteur, dont le dernier C’est à moi çà sorti cette année chez Born Bad Records, le quatuor se présente donc en short chaussettes, tee-shirt Mourir à Brest et coupes au bol pour certains.
Dès le premier titre Rock 2000, l’ambiance est posée. Boîte à rythmes et basse synthétique s’adonnent à une course désespérée, les lumières indirectes, pour cause de projections, imposent un contre-jour de circonstance. Bref, ce n’est pas la musique qui passerait au Macumba Club. Encore que, Gwendoline surprend en reprenant justement Macumba le titre phare du chanteur variété 80’s Mader dans une version incongrue. Ce qui n’est pas le cas avec l’excellent Chevalier Ricard qui voit ses « je n’en ai rien à foutre » repris par les aficionados du groupe. Merci La Ville et Start Up Nationale dénoncent la gentrification et le capitalisme, Du Lundi Au Vendredi et Chèque Vacances célèbrent la lobotomie de la société. Une seconde guitare plus noisy et hypnotique amène de la couleur dans le gris musical, les fumigènes et la vapote du chanteur transforment allègrement la scène en bunker. En clôture d’un set qui durera une bonne heure, Audi Rtt ou l’éloge de ce lieu de convivialité sociale achèvera de nous convaincre de son utilité. Il est vrai qu’à Brest, les bars et les quartiers populaires résistent et restent les meilleurs remparts à l’individualisme.
Texte et photo : Mathieu Marmillot