Chroniquer un disque sorti en juin ? De l’électronique modulaire ? En dehors du fait que ce disque est la recomposition même de l’esprit et sa construction au fil de compositions minimalistes. Et que dire si ce n’est que pour échapper aux derniers UV de l’été, Hydropsyche est salvateur !
Jon Eirik Boska n’est pas novice en musique, après ses deux EPS et ls participation à deux compilations axées autour de la musique modulaire. C’est depuis son studio à Berlin qu’ont été confectionnées ces 8 compositions, dont God Rays qui inaugure l’album, comme la parfaite illustration de la musique électronique progressive. Sur des patterns arpégés évoquant la musique de Hans-Joachim Roedelius, se greffe de manière ascensionnelle la beauté soyeuse d’un trio à cordes. Dans la plupart des cas, les sensations qui correspondent à la musique dite répétitive sont auditives et visuelles, ou mieux chromatiques. Hydropsyche est en quelque sorte un laboratoire où se sont croisées diverses formes structurelles, une recomposition de l’âme dans une approche d’évacuation de la douleur. Jon Eirik Boska a également travaillé avec Petra Hermanova, dans une perspective musicale proche du bourdon minimaliste.
A partir de cette toile de départ, s’imbriquent dans Redemption des clusters vocaux déformés, combustion et relâchement mélodique. Les références à la musique synthétique, de Tangerine Dream en passant par Brian Eno, sont perceptibles, No Mercy concentre toutes les variations possibles de la progression sonores d’un idiome musical que Hydropsyche nous communique. Beauté glaciale, presque statique, Exhumed & Forgiven est un chemin de procession, solitaire mais englobant une fraction de l’humanité. Il y a quelques écarts minimalistes, il ne suffit pas de tourner un bouton, ou de contrôler une console, derrière cette apparente simplicité, il y a un véritable travail d’orfèvre qui consiste à diluer des éléments, une sorte de chimie sonore qu’il faut maintenir dans de bonne proportions.
Nous sommes en compagnie de Hydropsyche, dans un vaisseau spirituel capitonné telle une alcôve, au déclic de mouvements d’horlogerie de haute précision. Dans la lumière déjà, nous n’arrivons même pas à percevoir les dégradés de couleurs, les contours et les reliefs, les nuances. Nous avons tendance à voir tout sous un même prisme.
Et si je vous parle aujourd’hui de ce disque avec du recul, cela s’explique qu’il est l’album pour rentrer dans l’automne, par ses nappes glaciales.
Franck Irle