Après une séquence politique désastreuse qui a souvent fait de la figure du migrant un bouc émissaire, il est bon de constater que l’intégration fonctionne bien, pour peu que l’on y consacre du temps et des moyens.
Sophie est une enseignante volontaire pour animer une UPE2A parisienne. Elle accueille une douzaine d’enfants, d’âges et de niveaux scolaires différents. Pour la plupart, ils sont arrivés récemment en métropole et ne parlent pas notre langue. À la fin de l’année scolaire, ils maitriseront le français et intégreront une scolarité classique.
Aurélie Castex a suivi la classe de Sophie pendant un an. Elle nous décrit avec bienveillance et honnêteté leur quotidien. Les enfants viennent du Brésil, du Pakistan, du Sri Lanka, de Roumanie, des Comores, de Tunisie, d’Égypte ou de Serbie. Leurs situations sociales sont très variées et leurs coutumes et religions diffèrent. Beaucoup découvrent l’Europe, le froid et l’école gratuite pour tous. Ils regrettent leur pays, mais déjà certains envisagent de rester en France. L’autrice ne cache pas les difficultés d’intégration de leurs parents et les problèmes de logement ou de permis de séjour aux lesquels enseignants sont confrontés.
Le dessin est simple, juste et faussement enfantin. Les expressions sont bien retranscrites, tout en laissant toute leur place aux mots, souvent désarmants, des enfants. Les couleurs sont fraiches et joyeuses. Malgré les difficultés traversées, Les Nouveaux Venus s’interdit tout misérabilisme.
Peu connues, les « unité pédagogique pour élèves allophones arrivants » sont désormais nombreuses. L’Éducation nationale recensait 64 564 élèves allophones « nouvellement arrivés » sur l’année 2020-2021 ! L’ouvrage se clôt sur un vibrant plaidoyer de soutien à une filière qui manque de moyens, or c’est grâce à elle que ces enfants seront un jour des citoyens français.
Stéphane de Boysson