A l’aube d’un quatrième album, ce n’est plus une confirmation mais une certitude : Malik Djoudi a de la lumière à revendre et à prendre. Ce Vivant, tour à tour touchant et sensuel, est la preuve que les mots de notre chère langue française peuvent eux aussi groover.
Que manque-t-il à Malik Djoudi pour se faire une véritable place au chaud du côté des artistes populaires de la musique française ? Un coup de chance, un déclic, un placement peut-être. Car tout est là, tout est en place, tout est à portée de main, par le biais d’un parcours discographique solide depuis Un, premier album astucieusement nommé jusqu’à ce Vivant, le quatrième.
Entre temps, l’adoubement de la critique et des gens du métier, des duos avec Daho, Adjani, Katerine, et même une nomination aux Victoires de la Musique dans la catégorie révélation en 2020.
Surtout, et c’est bien là le plus important, c’est musicalement que le poitevin parvient à tirer son épingle du jeu. Avec un juste équilibre entre efficacité mélodique implacable et volonté d’offrir des structures classieuses, Djoudi est un pont tout trouvé entre french pop et variété. Ce tout nouvel opus en est une preuve évidente.
Si le groove disco et festif est à la mode chez les têtes d’affiches – Armanet/Luciani pour les exemples les plus évidents -, ce côté rond, chaud de longues lignes de basses suaves se cale ici plutôt du côté de la french touch sur Viens on prend le temps mais surtout de Metronomy pour le très joli Pas vraiment ou encore Mes ami(e)s.
Une capacité assez bluffante à créer des petits tubes qui ne demandent qu’à connaître le succès comme cet entêtant Vivant, premier single éponyme et morceau d’ouverture. Il y a quelque chose d’insidieux, sous ses airs de ne pas y toucher, avec ce refrain haut perché et cet air qui entrent et s’installent dans un coin du cerveau pour en sortir difficilement à la multiplication des écoutes. Exactement le même processus pour Vendredi, avec ce même esprit léger aux premiers abords mais qui se termine par un fredonnement incessant.
Outre cette propension de création auditive plaisante, Malik Djoudi peut aussi toucher par la grâce des mots. Surtout avec la thématique principale ici, sujet universel s’il en est: l’amour. L’amour sous toutes ses formes, qu’il soit physique et charnel (Excite) ou plus familial (Maman) et qu’il met en boite sous des airs là aussi groovy (2 MN) ou plus proche de la balade classique. Une mise à nu sincère et poignante dont le climax est atteint sur le morceau final, Accord Magique, rempli d’une douceur proche de la rêverie.
Musique de qualité, écriture liée aux émotions, des morceaux simples et efficaces, vraiment tous les ingrédients sont réunis et il serait injuste qu’un artiste de cette trempe ne puisse pas atteindre une sphère d’écoute encore plus large. C’est tout le mal qu’on puisse lui souhaiter et que ce Vivant soit l’un des disques soutenus pour cette rentrée automnale.
Alexandre De Freitas