Les éditions Fleuve ont eu l’excellente idée de confier à Thomas Cantaloube le lancement d’une série livresque dérivée de la mythique série tv Le Bureau des Légendes. Un spin-off qui a de quoi ravir les nombreux fans de la série tv.
Et pour ce premier épisode intitulé « Les mouettes », la réalisation a été confiée au journaliste-écrivain Thomas Cantaloube, un reporter de guerre qui a parcouru les Balkans et le Sahel et que l’on connait déjà pour ses thrillers géopolitiques comme « Requiem pour une République« ou encore « Frakas ».
Deux groupes islamistes tiennent le désert sahélien sous leur coupe : le GSIM, Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans, organisation salafiste affiliée à Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) ainsi que l’EIGS, l’État Islamique dans le Grand Sahara, qui lui dépend de l’État Islamique.
Au Sahel fin 2022, l’opération Barkhane est officiellement terminée au Mali et les forces françaises ont quitté le pays (laissant le champ libre aux mercenaires de Wagner) pour opérer de manière limitée depuis le Niger. En 2023, l’armée française quittera également le Niger, mais ceci est une autre histoire.
« […] Depuis que la France avait décidé d’endiguer la menace conjuguée des terroristes islamistes et des séparatistes touaregs galvanisés par l’effondrement de la Libye suite à l’intervention occidentale (version officieuse), l’opération Barkhane, succédant aux opérations Serval et Épervier, représentait l’une des plus importantes Opex de la France des dernières décennies. Le repli contraint de 2022 sur le Niger en avait réduit l’empreinte. »
Bien sûr on est ravi de retrouver dans ce bouquin une partie du « casting » de la célèbre série, comme Marie-Jeanne Duthilleul par exemple (c’était Florence Loiret Caille) qui avait pris la tête du Bureau ou encore Jonas Maury (le geek qui était incarné par Artus).
Mais cette fois-ci, c’est plutôt Marcel Gaingouin (Patrick Ligardes à l’écran) qui va nous accompagner au cœur du Service Action, au cœur des commandos chargés des basses besognes de notre nation en terres inconnues, ceux que l’on surnomme « Les Mouettes ».
En bon professionnel du thriller, Thomas Cantaloube prend tout le temps nécessaire pour nous rappeler la géopolitique agitée du Sahel de même que les coulisses de l’organisation de ce fameux Service Action à l’histoire mouvementée. C’est même tout l’intérêt de ce bouquin que de nous rappeler les tenants et aboutissants de ce qui se joue pour nos soldats dans les pays de la zone sahélienne.
« […] Jusqu’à l’orée des années 2000, la DGSE et son prédécesseur le SDECE ne jouissaient pas d’une grosse réputation. […] Les espions tricolores avaient trop longtemps barboté dans la marmite des barbouzeries gaullistes avant de se laisser embringuer dans les politicailleries mitterrandiennes, passant au mieux pour d’habiles bricoleurs, au pire pour des clones d’OSS 117 version Jean Dujardin. C’était finalement les attentats du 11 septembre 2001, et les différentes et mal-nommées « guerres au terrorisme », qui avaient redoré le blason de la Boîte. »
On se retrouve au lancement d’une nouvelle saison de la série : cet épisode doit donc remettre en scène les personnages avec leurs passés, décrire le nouveau contexte, disposer les pièces de la nouvelle intrigue, …
Les fans du « Bureau des Légendes » seront peut-être déconcertés par le focus mis sur les fameux commandos du Service Action (plutôt que les intrigues parisiennes) mais le récit de guerre est impeccablement maîtrisé et on imagine très bien ce que cela va donner à l’écran.
Et bien sûr comme dans toute bonne série, il est d’usage que la fin de l’épisode annonce une suite : mais alors là, chapeau !, Thomas Cantaloube se permet un sacré twist, un cliffhanger, dans les toutes dernières lignes ! On n’a rien vu venir et on ne peut que trépigner en attendant la suite !
Le scénario :
Un prologue en Serbie.
La suite à Paris, boulevard Mortier, le QG du Bureau des Légendes.
Puis l’opération au Niger et au Mali, en plein désert sahélien.
Et un final à Alger.
La DGSE a réussi à infiltrer l’une de ses dernières recrues au sein d’une Katiba islamiste du GSIM. C’est Alassane Cissoko, connu sous le nom de code de Canaque, désormais une précieuse source de renseignements.
Mais les mouvements des djihadistes vont compromettre sa couverture, sa légende, et la DGSE est obligée de l’exfiltrer.
« […] Tous les services secrets de la planète abandonnaient, avaient abandonné ou abandonneraient un jour une source en cas de danger pour l’organisation. Les sources faisaient office de fusibles. On tentait de les préserver le plus longtemps possible, mais dès qu’elles mettaient en péril l’intégrité de l’installation électrique, on les débranchait. »
Bien entendu l’opération ne sera pas de tout repos, on s’en doute !
« […] — Bref, nous effectuons une manœuvre préventive.
— En quelque sorte.
— Mais risquée ?
— Dans notre métier, il n’en existe pas d’autres.
[…] Notre principal problème sera de devoir naviguer entre l’armée malienne, les mercenaires russes de Wagner, et les successeurs de Barkhane qui continuent de mener des actions dans la zone depuis le Niger. »
C’est le capitaine Yannick Corsan qui mène l’opération. Un soldat valeureux mais pas tout à fait clean avec son passé douloureux et tourmenté …
« […] — Tu n’es pas sérieuse ? ! s’insurgea le général.
— Corsan n’est pas fiable, Marcel ! Il prend des initiatives à l’emporte-pièce et ça casse plus souvent que ça ne passe. »
Bruno Ménétrier