Dans Le Léopard des neiges, dernier film posthume du réalisateur tibétain Penna Tseden, on découvre le lien unique qui unit deux léopards, dans la province de Qinghai, au Tibet. Une œuvre d’une immense poésie.
Dans la province de Qinghai, au Tibet, un léopard des neiges est retrouvé un matin, endormi dans un enclos à moutons. Il a tué neuf de ces bêtes durant la nuit. Le fermier, excédé par cette perte, enfreint la loi à l’égard de cet animal hautement protégé en le séquestrant. Si l’État lui accorde une indemnisation, il le relâchera ; sinon, il le tuera. « Léopard des neiges » est aussi le surnom donné à un jeune moine, connu pour ses photos et vidéos du félin dans les montagnes. Frère du fermier, il souhaite libérer le captif, tout comme leur père qui le considère comme l’âme des glaciers. Il prévient un ancien camarade de collège devenu journaliste, qui arrive au milieu de ces tensions, avec toute une équipe de télévision.
Après Tharlo, le berger tibétain (2018), Jinpa, un conte tibétain (2020) et Balloon (2021), Pema Tseden, décédé en mai 2023, poursuit sa mise en lumière du Tibet. Originaire de l’Amdo – actuelle province de Qinghai – il construit son dernier long-métrage en deux parties autour du lien unique entre ces deux léopards.
La première, proche du documentaire, couvre deux jours du point de vue du journaliste et du moine. La seconde, en noir et blanc, se déroule sur plusieurs années vues depuis le regard de l’animal. Les deux se fondent l’une dans l’autre, créant un réalisme magique pour dépeindre, dans de merveilleux décors naturels, la difficulté de cohabitation entre le léopard sauvage et les communautés du plateau tibétain, les nouvelles lois, la mainmise de la Chine et les traditions.
Pema Tseden souhaitait « une histoire de compassion, de sollicitude et d’amour sans pareil », son œuvre d’une grande poésie est majestueusement au-delà.
Carine Trenteun