Les 15, 16 et 17 octobre prochain, le webzine Sun Burns Out organise au Supersonic Records une première édition d’un festival audacieux, Outsiders, qui nous donnera l’occasion de voir sur scène des artistes rares. Benjamin Berton nous explique la démarche…
Benzine : Benjamin, tu peux d’abord nous parler un peu de Sun Burns Out, l’organisateur du festival ?
Benjamin Berton : Sun Burns Out, c’est un webzine, qu’on fait à cinq, six copains, et qui est consacré à la musique : même si notre base, c’est le rock indépendant, on écrit un peu sur le rap, la musique de films – les BOs, ça permet de parler des films en douce -, et sur des bouquins consacrés au Rock. On existe depuis plus de 10 ans, avec un objectif de se faire plaisir, avant tout, avant de faire du clic. On a aussi, autour du label Monopsone, développé des concerts dans la région du Mans, là où on est basés. Et l’année dernière, on a sorti une compile d’une quinzaine de groupes français qu’on aimait, French Armada.
Benzine : … et maintenant, un festival ?
BB : En fait, d’abord, on a eu l’idée d’organiser un concert à Paris, mais, comme on n’était pas d’accord entre nous sur qui on programmerait, c’est devenu un mini-festival de 3 jours ! On loue les locaux du Supersonic Records, avec un modèle économique qui présente un risque de petit déficit, qu’on devrait couvrir grâce à une cagnotte constituée à l’avance. C’est presque une « opération suicide » (rires), le but de la manœuvre étant de présenter dans une belle salle à peu près pleine des groupes qu’on aime bien, et de les faire découvrir. On a donc essayé d’avoir un prix de la place le plus raisonnable possible, à 14,00 € la soirée, et avec des billets « early bird » pour les trois soirées à 30,00 €.
Benzine : Alors, comment avez-vous fait pour sélectionner ces artistes, ces fameux « outsiders » ?
BB : Comme c’était mon initiative, je me suis nommé, égoïstement, « programmateur en chef » ! Le principe était d’avoir d’abord des têtes d’affiche de premier plan dans le domaine indé. De manière pragmatique, j’ai contacté des gens que je suivais depuis un moment, que j’ai côtoyés déjà fait jouer, et qui étaient donc susceptibles de venir… Mais qu’on aimait évidemment tous bien…
Luke Haines, le leader des Auteurs, je l’avais fait venir au Mans, mais, par hasard, j’ai aussi partagé avec lui un événement l’année dernière en Autriche : j’avais écrit une biographie des Television Personalities, qui a été traduite en allemand, et on a passé cinq jours ensemble. Comme Luke vit en partie en France, ça s’est fait comme ça. Babybird, je le suis depuis 1995, j’ai une armoire pleine à la maison de ses 500 disques, c’est un super compositeur. On avait fait un concert au Batofar il y a 5, 6 ans, c’est un mec génial sur scène… Hifi Sean et David McAlmont, je les suivais de manière séparée, et je trouvais que ce n’était pas cool qu’ils n’aient jamais franchi la Manche pour jouer en France. McAlmont, c’est un chanteur black, gay et d’origine guyanaise, qui a un peu une voix de fausset. Il a enregistré une super version de Diamonds Are Forever, la BO d’un James Bond : il a une voix dingue ! Il a aussi fait des albums avec Bernard Butler, l’ancien guitariste de Suede. C’est vraiment un GRAND chanteur, et il s’est associé avec Hifi Sean, DJ et ancien chanteur des Soup Dragons, ce groupe de « Madchester » qui a eu un vrai succès en France avec une reprise des Stones, I’m Free. Ces deux mecs-là produisent une musique totalement incroyable, qui ressemble à du gospel sur de l’électro. Ils ont signé deux albums, dont le dernier vient de sortir. Ils ont reçu des critiques dithyrambiques. Ça sera une vraie découverte pour ceux qui aiment les voix « black ».
Benzine : Vous aviez donc une tête d’affiche pour chacune des trois soirées. Et pour le reste ?
BB : On a essayé de compléter ce plateau « d’outsiders » en cherchant la plus grande diversité de genres possible. C’est une programmation « coup de cœur », et autour de ces têtes d’affiche anglaises, on a complété avec des artistes français qu’on adore : Gontard, un mec de Grenoble plutôt politique, Rivkah, un peu world, très poétique, Pauline Drand, chanson française folk, Mathieu Malon, du rock français indé, et Erik Arnaud, un mec de la grande période PIAS, sentimental et un peu trash aussi. Il a signé quelques beaux albums au début des années 2000 et il a eu une super grosse côte ; mais il s’était retiré du marché, et sort de sa retraite pour un set exclusif, où il devrait enfin jouer de nouveaux titres…
Benzine : On a donc 8 artistes en tout pour 3 soirées ?
BB : Oui, on a toujours une case vide, on est donc 3 groupes les premiers et seconds soirs, et 2 groupes le troisième soir. Mais on discute encore avec une dernière personnalité dont on ne peut pas encore parler !
Propos recueillis par Eric Debarnot le 13 septembre 2024.