[Live Report] The Black Angels et The Dandy Warhols à l’Olympia : la banane psychédélique !

Délicieuse soirée, hier à l’Olympia, pour les amateurs de rock psyché, avec la double affiche The Black Angels / The Dandy Warhols. Et avec une jolie découverte « folk » en ouverture, Miranda Lee Richards…

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The Dandy Warhols à l’Olympia – Photo : Robert Gil

Double programmation de luxe ce soir à l’Olympia, tout au moins pour les amateurs de rock psyché – dont nous sommes : The Black Angels, l’un des groupes les plus symboliques du psyché du XXIème siècle, les rockers d’Austin fans du Velvet Underground et créateurs du festival Levitation, et les incontournables Dandy Warhols, petits chouchous du public parisien qui viendra, on s’en doute, majoritairement pour eux. Ce qui surprend quand même, c’est le rajout d’une première partie, alors qu’on voit déjà mal comment faire tenir deux sets de groupes habitués à jouer assez longtemps en une seule soirée, démarrant qui plus est à 20 heures… Il va falloir que tout le monde joue plus « concis » ce soir !

2024 09 21 Miranda Lee Richards Olympia RG20 h 00 : C’est la chanteuse US de folk Miranda Lee Richards qui ouvre la soirée, seule avec sa guitare acoustique, et qui d’emblée capture notre attention. Ses chansons, dans un registre ultra-classique – elle joue même de l’harmonica, et bien, sur certains titres – sont plutôt catchy, et sa voix magnifique. Il semble que Miranda soit « big in Japan », alors qu’elle est quasiment inconnue en France, mais avec de tels apparitions, elle ne devrait pas le rester. Elle termine son set, très court (25 minutes seulement), par une chanson du Brian Joneston Massacre, groupe auquel a participé, et qu’elle aime toujours, en dépit des colères d’Anton, dit-elle. Une très belle découverte, en ce qui nous concerne.

20h45, avec cinq minutes de retard sur l’horaire prévu, ce qui ne laisse pas d’être inquiétant pour la suite, les héros d’Austin lancent leur set avec l’approprié Entrance Song, un titre parfaitement représentatif de leur style, emblématique même, suivi de El Jardin, extrait de leur dernier album, Wilderness of Mirrors.  The Black Angels, pour ceux qui ne connaîtraient pas, c’est une approche noisy et psychédélique de la pop classique : de belles mélodies et de la puissance sonore, donc une filiation jamais reniée avec la musique inventée en 1966 par le Velvet Underground. Si l’on veut, c’est la version US d’un crossover entre Temples et The Jesus & Mary Chain, avec un goût prononcé pour les atmosphères dark (ce n’est pas pour rien que l’image de Nico a été initialement incluse dans le loco du groupe).

2024 09 21 The Black Angels Olympia RGEt leur set d’une heure dix, sans surprise, oscillera entre grandes décharges électriques posées sur le martellement furieux des peaux assuré par l’impressionnante Stephanie Bailey – notre héroïne de la soirée -, sur lesquelles se pose un chant sépulcral (The Sniper At The Gates of Heaven), et morceaux pop plus légers, baroques, voire ludiques (Firefly). Evidemment, c’est la première catégorie que nous préférons, la plus efficace en live, et des classiques comme Young Men Dead (accueilli par des cris de joie des connaisseurs) constituent de précieux moments d’extase psychédélique… malheureusement trop peu nombreux à notre goût ce soir. Le set souffrira particulièrement des contraintes du temps limité, nous privant d’un final plus puissant : le choix des derniers titres à jouer s’avèrera visiblement problématique ! Bien entendu, comme de coutume avec The Black Angels, les lumières seront réduites et les photographies rendues quasi impossibles par les stroboscopes.

2024 09 21 The Dandy Warhols Olympia RG22h25, avec les même cinq minutes de retard pour The Dandy Warhols, en dépit du travail frénétique (et impressionnant) des roadies et de l’équipe technique pour remplacer l’intégralité du matériel en moins de vingt minutes. Le quatuor est disposé comme à son habitude – même si c’est assez inhabituel dans le Rock – avec Courtney Taylor-Taylor (le lead singer, au look évoquant de plus en plus un vieux chef indien, mais très, très « classe ») et Brent DeBoer (le batteur) au fond de la scène, les machines de Zia McCabe devant à gauche et la guitare de Peter Holmström sur la droite. Les lumières sont réduites, mais quand même plus « normales » que pour les Black Angels, et le son est à nouveau excellent, même si, au premier rang, la guitare de Holmström sera parfois un peu trop en avant, couvrant les vocaux.

On attaque par Good Morning, un morceau 100% caractéristique des Dandys, avec chant planant et sexy, guitares à la fois agressives et vaporeuses, et rythmique obsédante : Courtney est quand même un véritable dieu vivant, et sur cette musique renvoyant aussi à Lou Reed, on peut aussi le voir comme une version rock’n’roll de Joe Dallessandro de la période Factory. Les Dandys enchaînent sur le magnifique Ride – un classique des origines -, presque shoegaze en fait, et on se dit déjà que l’on assiste aujourd’hui à l’un des meilleurs concerts que l’on ait pu voir du groupe depuis au moins une décennie ! Et en une heure dix, ce sentiment d’élégance, d’évidence mélodique et de liberté totale ne disparaîtra jamais. Même les titres plus « punky » comme Summer of Hate nous sont offerts avec une légèreté, une générosité infinie : le plaisir pris par le groupe à jouer se transmute naturellement en plaisir pour le public.

2024 09 21 The Dandy Warhols Olympia RGIl est possible de regretter qu’avec une telle setlist, orientée sur des chansons courtes, pop souvent, The Dandy Warhols aient soigneusement contrôlé ce soir leur « côté obscur », leur goût pour les longs délires soniques propices à la consommation de substances illégales : c’est compréhensible, mais rappelons tout de même aux rares personnes qui ont pu être déçues par des Dandys bien trop « sages » que leur interprétation sonique et quasiment « abstraite » de I Love You aura été le moment le plus fort de la soirée. Une véritable merveille pour ceux qui aiment leur Rock aventureux, audacieux, déstabilisant aussi.

Le set se terminera, après l’échec d’une négociation avec la salle pour pouvoir jouer plus longtemps, sur la paire de crowd-pleasers que sont Bohemian Like You (hystérie dans la salle…) et Get Off (slamming, et irruption d’un énergumène très violent qui devra être maîtrisé par quatre videurs avant d’être éjecté de la salle !). Décidément, les Dandy Warhols nous auront prouvé que, de manière plutôt improbable quand on repense aux rebelles slackers qu’ils étaient à leurs débuts, que la maturité leur va terriblement bien !

Et à 23h35, nous sommes sortis de l’Olympia avec « la banane », oui celle d’Andy Warhol que les Dandys ont si joliment recyclée.

Texte : Eric Debarnot
Photos : Robert Gil

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