Gold Gawd, quintette originaire de Rancho Cucamonga en Californie, revisite le shoegaze saturé. Sans surprise, le nouvel album I’ll Drown On This Earth scelle au son mordant un chant vaporeux.
Issu de la scène emo et hardcore de la sud Californie, Matthew Wainwright décide une nuit d’explorer le shoegaze tendance mélo. Nous sommes en 2020 lorsque Cold Gawd naît. Au chevet, la sainte trinité noisy-pop (My Bloody Valentine, Slowdive et Jesus and Mary Chain) veille, le chanteur et compositeur ne cache pas son intérêt pour ses contemporains Whirr, Nothing ou Solange. En 2021 un premier album God Get Me The Fuck Out Of Here sort chez Dais records, label américain fondé en 2007 par Ryan Martin, ancien manager de Genesis P Orridge (Psychic TV, Throbbing Gristle) et l’artiste-producteur Gibby Miller. Les soirées Part Time Punks à Los Angeles sont les lieux incontournables pour les fans de cold-wave, de shoegaze et d’électro-pop, Matthew Wainwright en est un habitué.
Epaulé par Cameron “Duck” Burris à la basse, Cameron Fonacier à la batterie, Arturo Ramirez au tambourin, Brandon Aviles et Devin Trott aux guitares, les titres de I’ll Drown On This Earth datent de 2022 et sont enregistrés en 2024. Les guitares sont nombreuses et partageuses de distorsions et de delays, la voix – légèrement auto tunée – est finement noyée dans le mixage et la rythmique assure un down tempo puissant et bavard.
Et c’est par un hurlement déchirant qu’arrive Gorgeous, le poids des guitares sous fuzz est contrebalancé par un chant au sens mélodique indéniable. Les nappes de guitares s’empilent tranquille avant qu’un nouvel hurlement vienne perturber la douceur noise pour un final ambiant. Une discussion dans la rue annonce Portland et vite rattrapée par les riffs de guitares et les cassures de rythmes, la basse ultra saturée répond au lyrisme du chant.
Retour à la noisy-pop 90’s avec l’excellent All My Life, My Heart Has Yearned For A Thing I Cannot Name, qui aurait pu être composée par Welcome To Julian. Les vocalises, nuageuses et auto-tunées, font la paire avec la tapisserie bruitiste. Duchamp Is My Lawyer (clin d’œil à My Bloody Valentine) brille dans une cascade d’effets bien sentie avant que le batteur C.F impose un headbanging rythmique.
Plus contemplatif Malibu Beach House offre un coucher de soleil orangé, les voix se télescopent, noyées dans un océan de réverbérations et volontairement sous mixées, pendant que les guitares en open-tuning surfent sur les vagues. Tappan respire la sérénité, le chant de Matthew Wainwright est de coton et de mèche avec de belles parties mélodiques que Nudisme prolonge dans un dédale de ouate désaccordée et d’un chant au diapason flingué par un final au piano kitch. Le bien nommé Bird In Space assure comme une vaporette rythmique, une voix contemplative et reprise par un clavier complice cherche la symbiose avec les murs de brumes soniques.
En Californie, Gold Gawd transforme le seum en nuit étoilée, la rage enfouie dans les strates.
Mathieu Marmillot