Avec La barque de Masao, Antoine Choplin quitte son Dauphiné pour nous inviter au Pays du Soleil Levant aux retrouvailles d’un père et de sa fille, trop longtemps séparés. Un voyage d’une délicatesse tout japonaise.
Et plus précisément nous allons voyager autour de l’île de Naoshima, la célèbre île-musée de l’archipel nippon : il sera donc question d’art dans ce voyage littéraire, d’autant que l’auteur, un peu poète, un peu artiste, est un habitué des récits où la peinture, l’art ou les musées prennent place.
Une parenthèse tendre et délicate dans le tumulte de cette rentrée littéraire ! Même si le livre fait partie de la sélection du Femina et du Renaudot.
On apprécie la douceur un peu triste de ce court voyage, presque une nouvelle, comme une fable.
Avec une délicatesse toute japonaise, même si l’auteur est français, nous voici conviés aux retrouvailles difficiles et maladroites, mais pleines de tendresse, d’un père et de sa fille désormais adulte, longtemps séparés.
On goûte avec intérêt les quelques propos d’Antoine Choplin sur les deux musées qu’il évoque dans son livre. Deux musées bien réels où l’architecture du lieu et du bâtiment est conçue en fonction de l’oeuvre qui y est exposée.
Lorsque le musée est lui-même une oeuvre d’art.
Il s’agit, à Tashima, de celui de l’architecte Ryue Nishizawa créé pour l’oeuvre de Rei Nato et à Naoshima, de celui de Tadao Ando qui abrite des Nymphéas de Monet.
Le livre n’est guère épais mais les navigations de Masao sur la mer de Seto au large des îles nippones, laisseront une impression durable chez le lecteur.
Au cœur du récit, voici Masao, ancien gardien de phare, il travaille à l’usine de Naoshima.
Et voici sa fille Harumi, architecte, qui vient travailler dans la région à la construction d’un nouveau musée.
Ils étaient séparés depuis de longues années, n’ayant pas réussi à surmonter ensemble le deuil trop difficile de la mère, Kazue.
« […] Elle lui a proposé de prendre le thé mais Masao a préféré attraper le premier ferry pour rentrer chez lui.
[…] Et puis elle a cessé de l’interroger à ce sujet et une gêne est venue, comme une ombre, s’installer au milieu d’eux. Masao a fini par se lever et ils sont redescendus en silence jusqu’au port. »
Au fil de ces quelques chapitres, le narrateur nous invite à leurs tendres retrouvailles et Masao nous livre quelques souvenirs d’un passé douloureux.
En creux, se dessine le portrait de l’étrange et mystérieuse Kazue tandis que la fameuse barque construite par Masao sert de fil rouge à cette belle histoire joliment racontée.
« […] Tu sais, Harumi, je ne sais pas bien ce que signifie être artiste. Mais, même sans le savoir, je dirais volontiers que Kazue en était une. »
Bruno Ménétrier