[Live Report] Slift au Rockstore (Montpellier) : décollage immédiat !

Belle idée, presque improbable, que de voir Slift jouer sans première partie, dans le cadre des Internationales de la guitare, lors d’une soirée co-organisée avec What The Fest Ex Tenebris Lux. Bilan : une salle bien remplie, un show immense qui marque la fin de tournée de Slift en France avant de repartir aux USA.

Slift au Rockstore
Slift au Rockstore – Photo : Dylan Gauthier

La 29ème édition des Internationales de la Guitare se distingue une nouvelle fois par de grands écarts musicaux et de multiples défis dans sa programmation. Dès les premiers noms divulgués durant la conférence de presse qui s’est tenue dans les bureaux de l’association Confluences, la presse et les médias n’ont pas tari d’éloges quant à la diversité des évènements annoncés, pas moins de 100 en périphérie et au centre de Montpellier. Les 24 Heures dément(e)s ont fait l’unanimité durant le week-end du lancement du festival, avec une flopée d’artistes chevronnés (Sarah Amiel, Th Da Freak, Raoul Vignal, A. Sauvage…) : un parcours dont il fallait suivre l’itinéraire !

Slift au Rockstore 02Mercredi 25 Novembre, deux concerts, deux lieux. A l’Opéra, Vicente Amigo, considéré comme le guitariste contemporain de flamenco le plus respecté avec pas moins de 11 albums à son palmarès. Salle bondée et des cordes plein les mirettes ! Direction le Rockstore, avec le retour du trio Toulousain Slift, consacré groupe culte par la presse internationale, et qui sillonne le globe entier depuis plus d’un an. Passage inédit et uniquement en tête d’affiche, Slift a réuni une foule compacte : Canek, imperturbable à la batterie, toujours aussi puissant et métronomique, et les deux frangins Jean et Rémi à l’énergie redoutable, ont plongé la salle dans un light show onirique, bombardé de couleurs et de motifs. Depuis Space Is The Key (leur EP de 2017) et la Planète Inexplorée (leur premier album en 2018), la musique du groupe est montée d’un palier à chaque enregistrement.

On boucle les valises et on monte dans un vaisseau spatial : ciao la terre, on laisse derrière les gigantesques tas d’ordures de la société industrielle et l’usage du tout-à-l’égout. Dans les  cylindres, où l’étincelle – en une fraction de seconde – devient flamme, le Space Heavy Rock semble reprendre vie. Plus encore, Ilion explose en million de fragments, toutes les frontières assimilées à la musique s’effacent, le graphisme de Caza ressurgit dans une fresque immersive. Nimh monte encore en intensité et en altitude, on retrouve les riffs redoutables de guitare passés à la moulinette fuzz, tapissés d’un jeu de basse hallucinant. Pedal Board à hauteur d’un clavier, les accélérations et les ralentissements coïncident avec le jeu de projections contrôlées par celui des notes, des signaux sonores que Jean échafaude tel un film. Toute la dimension scénique se déploie dans un décorum spatial, Slift a le pouvoir de dépasser les frontières des sens. Sensation de vertige d’être ailleurs, là où nous ne sommes pas présents, collision inattendue de segments sonores. LIONS, TIGERS & BEARS résonne comme un hymne pour le public, une frénésie dont la mécanique de l’art cinétique, entre réalisme et fiction, restitue la géométrie de l’espace, un jaillissement d’étoiles, les séquences d’un spectacle gravé dans le marbre de l’éternité.

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Cette notoriété qui est acquise, ritualise le statut insaisissable de Slift qui dépasse les formes limitatives de l’expression visuelle, une plongée sidérale initiée au commencement, bien avant le mythe de scaphandre. Une bien belle soirée que les fans n’oublieront pas de sitôt !

Texte : FRANCK IRLE
Photos : Dylan Gautier