Nada Surf – Moon Mirror : un power-pop impeccable

Les Américains de Nada Surf sont de retour avec un dixième album qui ressemble beaucoup aux précédents. Aucune surprise donc sur Moon Mirror, mais onze chansons formidables, entre énergie rock et ballades pop.

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© Paloma Bomé

La trajectoire de Nada Surf est assez étonnante et sans doute mérite-t-elle qu’on y revienne avant d’aborder son nouveau groupe. Rappelons que la bande emmenée par Matthews Caws a décroché un énorme hit dès son premier single. C’était en 1996, à une époque où le rock dit « alternatif » parvenait encore à conquérir un assez large public. Mais le formidable Popular fut sans doute trop vite suivi d’un premier album clairement dispensable (High/Low), et Nada Surf vite rangé dans la catégorie des « espoirs déçus ».

Nada Surf – Moon MirrorDès lors, beaucoup sont passés à côté de leur deuxième disque (The Proximity Effect en 1998) avant de succomber finalement à l’incroyable Let Go en 2002, un album qui reste à ce jour ce que le groupe a fait de mieux. Depuis, Nada Surf est devenu un groupe-refuge, à l’instar de Teenage Fanclub ou des Pernice Brothers, un groupe qui ne déçoit jamais et qui offre toujours ce que l’on attend de lui : une power-pop de haut niveau.

Depuis The Proximity Effect – que l’on a bien évidemment eu le temps de réévaluer entre temps – Nada Surf propose toujours la même chose : une alternance de ballades assez somptueuses et de pop songs vitaminées et efficaces, des petits tubes en puissance qui, dans un monde parfait, passeraient en boucle sur toutes les radios du monde. Le point commun entre ces deux genres ? Un sens de la mélodie incomparable. Autrement dit, Nada Surf ne prétend pas explorer des contrées musicales à défricher, Nada Surf n’invente rien et laisse ça aux autres. Et on ne s’en plaint pas.

Si on se précipite sur chaque nouvel album du groupe, c’est parce que l’on sait qu’il offrira ce que l’on souhaite y entendre. Et à ce titre, Moon Mirror, le petit dernier d’une discographie désormais riche de dix albums, tient toutes ses promesses. Mieux, le disque s’impose assez rapidement comme l’un des meilleurs du groupe. Matthews Caws et ses comparses nous offrent ainsi deux premiers titres imparables : Second Skin et In Front Of Me Now sont même des modèles de power pop. Énergiques, ultra mélodiques, les deux chansons, suivies du morceau titre, une très jolie ballade, mettent le disque sur orbite et annoncent un niveau qui ne va jamais vraiment baisser.

De fait, Moon Mirror ne déviera pas de cette trajectoire : Intel And Dreams est une cavalcade pop de moins de trois minutes, The One You Want voit les guitares s’effacer un peu au profit de jolis arrangements de cordes. Puis Nada Surf nous offre le sommet du disque avec New Propeller, une chanson qui restera comme l’une des meilleures du groupe, juste à côté de Blonde on Blonde ou Inside of Love. Comment conclure l’album après une telle merveille ? En alignant trois titres à l’efficacité redoutable, avant une ultime ballade, Floater, parfaite évidemment…

Après presque trente ans de carrière, Nada Surf est donc toujours là et ce nouveau disque vient nous le rappeler de la plus belle des manières. Et si Moon Mirror ne séduira pas les mélomanes avides d’idées nouvelles et de bidouillages novateurs, il nous aidera quant à nous à supporter l’automne et l’hiver à venir. Et quand poindra à nouveau le soleil, le disque restera, c’est certain, à proximité de la platine.

Grégory Seyer

Nada Surf – Moon Mirror
Label : New West Records
Date de sortie : 13 septembre 2024