The Hard Quartet – The Hard Quartet : tous azimuts

Le super groupe The Hard Quartet réunit quatre bonnes têtes de la musique indépendante américaine des  90’s. Les effluves de glam, de punk et de psyché sont prégnants. Mais lorsque le groupe vogue vers une indie-folk parfumée au Velvet Underground et aux Byrds, il se révèle brillant.

The Hard Quartet
© Malcolm Donaldson

The Hard Quartet, soit quatre vétérans de l’indie américain qui en ont sous le capot. Stephen Malkmus (ex-Pavement), Matt Sweeney (Chavez) et Emmett Kelly, acolyte de Bonnie PrinceBilly, se partagent chants et guitares, accompagnés de l’incroyable Jim White (Dirty Three, Cat Power) à la batterie. Malkmus ayant déjà collaboré avec Sweeney en 2020, lors de l’enregistrement de son dernier album, Traditional Techniques.

The Hard QuartetSur ce premier album éponyme, on retrouve une instrumentation saturée, accompagnée de rythmes tribaux et free. The Hard Quartet explore aussi les rivages de l’indie folk ou de l’americana, touche au sublime et rappelle forcément Pavement (Major League, Gold Soundz), voir Lou Reed.

Des sons saturés, donc, assiègent Chrome Mess. Le paramétrage stéréo des guitares et les incantations glam de Malkmus lui confèrent un encrage 70’s, assez glitter-rock. Jim White tord les rythmes que la basse bombarde. Ces effets, on les retrouve aussi sur Earth Hater. Malkmus entraîne le groupe dans un labyrinthe psyché, la voix se détache des accords que déjà des riffs annoncent Rio’s Song, un classical-rock maîtrisé et transcendé par la voix chaleureuse de Sweeney. Le plus californien des titres Our Hometown Boy est interprété par Kelly et revisite les 60’s avec panache, les voix sont en phase avec des guitares carillonnantes à la The La’s et The Byrds. Sans prévenir, Renegade crache une giclure punk. Le chant habité, impose un rythme rugueux et effréné de garage-noise.

Heel Highway ouvre de nouvelles perspectives. Les voix de Malkmus et celle, plus chaleureuse, de Kelly parachèvent le lazy-groove. Relax, les guitares jouent sur du velours underground. Dans le même registre, Killed By Death déroule tout en souplesse, Kelly y chante comme un sensible dont les guitares sont les contrepoints parfaits. Avec une intro cheap en forme de clin d’œil à MBV, Hey partage une grille d’accords proche de The Hexx et de Carrot Rope de… Pavement. Une mélancolie perchée, insufflée par un Malkmus plus familier qui cherche l’équilibre tonal entre les divers solos.

Les guitares acoustiques prennent le relais sur It Suits You et Six Death Rats, visitent le psychédélisme quelque peu alternative-folk. La voix indisciplinée de Malkmus défie toute logique sur Action For Military Boys à la déconstruction mélodique pourtant chérie par des chœurs seventies. L’album baisse en intensité, Jacked Existence et North Of The Border flirtent avec le classic-folk convenu. Thug Dynasty débute comme un rockabilly lent mais roots, et se décline en wabdoowap azimuté alors que Gripping The Riptide se repend d’une lenteur juste perturbée par des pics de tensions, des chœurs et des guitares qui ronronnent bizarrement.

The Hard Quartet signe l’album weirdos du mois, perturbant dans son confort.

Mathieu Marmillot

The Hard Quartet – The Hard Quartet
Label : Matador Records
Date de sortie : le 04 octobre 2024