Lenparrot signe avec son troisième album, La Conversation, une suite de chansons à l’immédiateté Pop non dénuée d’un caractère épistolaire ou peut-être un peu à la manière d’un journal intime. Rien de surprenant donc de notre part à vouloir comprendre avec Romain Lallement les sources de ce dialogue.
5 disques du moment :
Clairo – Charm
J’étais à Paris quand Jessica Pratt est passée à L’Alhambra en juin dernier et bien que son concert ne m’ait pas laissé une impression remarquable, je suis revenu vers Here in the Pitch dans les jours qui ont suivi et c’est au fil des écoutes que le charme a opéré. C’est une merveille d’orfèvrerie, qui s’éloigne de l’épure folk de ses premiers albums pour une pop baroque évoquant l’écriture de Michael Brown (la tête pensante de The Left Banke ou Montage) à bien des égards.
Acetone – If You Only Knew
J’ai découvert ce disque il y a quelques jours, preuve implacable de ce changement de saison: tempos lents, voix blanche, guitare ronflante et spleen colossal – le Slowcore dans toute sa splendeur. Je n’avais pas été cueilli de la sorte depuis Bedhead et leur Transaction de Novo. Il vaut mieux ne pas croiser la route de ces disques trop souvent, sous peine de dépression chronique.
W3NG
Troisième volet d’une série de compilations initiée par le label Numero Group, chaque nouveau volume réussissant l’exploit d’être encore mieux que le précédent. Une sélection impeccable de soft rock seventies, carte postale d’une Amérique fantasmée, aux plages instrumentales vastes comme ses highways.
Chico Bernardes – Outros Fios
Le discret petit frère du leader d’O Terno, à la discographie pourtant tout aussi passionnante, un pied dans l’héritage MPB et l’autre dans un modernisme folk façon Grizzly Bear ou Fleet Foxes. C’est beau, sensible et merveilleusement arrangé.
5 disques pour toujours :
Blossom Dearie – Blossom Dearie Sings
Une certaine idée de la perfection. Tout m’enchante sur ce disque, il n’y a pas une fois où je l’écoute sans être heureux. Il a tout du chef d’œuvre qui s’ignore, une humilité dans la production tout en étant incroyablement malin et bien écrit. Un disque jazz produit comme de la pop, un disque de pop arrangé par une pianiste jazz ? Qu’importe, Blossom Dearie est une merveilleuse interprète injustement oubliée.
Je voue depuis quelques années une passion pour les disques propices à l’état méditatif, et ce Music for Nine Postcards d’Hiroshi Yoshimura est mon partenaire privilégié pour chaque voyage en train. J’adore sentir mon corps partir à l’écoute de Blink, ou me réveiller peu avant la fin de Dance PM.
João Gilberto – João Gilberto (1973)
Le bien nommé album blanc de Gilberto, moins pour une similitude avec celui des Beatles (hormis la pochette) que pour son épure savamment façonnée par Wendy Carlos dans le rôle d’ingénieure du son. Il y a quelque chose d’hypnotique dans ce disque par cette proximité absolue avec la guitare, la douceur et la précision du jeu de Gilberto. Et puis cette voix effacée – presque absente – et pourtant si proche dès qu’elle apparaît sur Aguas de Março ou lorsqu’elle susurre Undiù de longues minutes durant, le temps alors s’étire et disparaît.
Cate Le Bon – Reward
J’ai mis du temps avant de réaliser à quel point Cate Le Bon, et plus précisément son album Reward avaient eu un impact aussi considérable sur moi. Ceci aussi bien sur le plan intellectuel (une écriture chirurgicale, des arrangements visionnaires toujours funambules sur une production ultra-sobre) que sentimental (Daylight Matters fait partie de mes chansons d’amour préférées). Si son apparente austérité m’avait parfois tenu à distance sur disque, c’est en concert qu’elle eut raison de moi il y a deux ans – mon cœur lui appartenant depuis ce jour et pour l’éternité.
Norma Tanega – I’m the Sky: Studio & Demo Recordings 1964-71
Il y a quelque chose de fascinant dans cette anthologie: le fait qu’elle rassemble plusieurs sources de matériaux: outtakes, démos, chansons inédites ou singles – variant indifféremment de styles et périodes. La Soul californienne côtoie l’Americana et la Folk amérindienne, préfigurant aussi bien Cat Power période Moon Pix que l’album éponyme de Bedouine – le tout plusieurs décennies auparavant.