Adaptation du roman jeunesse du même titre, Le Robot Sauvage est la dernière trouvaille des studios DreamWorks. Récit initiatique mêlant écosystème et science-fiction, le film s’appuie sur des graphismes époustouflants pour porter à l’écran une œuvre émouvante qui a tout pour conquérir le cœur des petits comme des grands.
Portée par ses franchises à succès (Shrek, Dragon, Kung-Fu Panda etc.), l’entité DreamWorks vit dans une certaine zone de confort de laquelle il est difficile de l’extirper. Rien qu’un petit test suffit : exceptés les noms précités, quel dernier film du studio a marqué les esprits ? Voilà. Les temps sont durs, et le cinéma est un monde impitoyable où la prise de risque se doit d’être limitée par rapports aux enjeux. Pourtant, quel autre genre que l’animation peut se permettre d’innover en permanence, d’être à la recherche constante de défricher l’imaginaire ? Sans doute à la recherche de ce genre de challenge, Chris Sanders, papa de Lilo & Stitch chez Disney et de Dragon ici-même, se voit confier la mission d’adapter un roman jeunesse à succès en long métrage familial : Le Robot Sauvage.
L’histoire suit Rozzoum unité 7134 dit « Roz », un robot échoué de sa cargaison sur une île à la suite d’intempéries. Dans une faune clairement hostile et inhospitalière à sa cause, Roz tente de survivre en s’appuyant sur son cahier des charges : venir en aide aux autres. Plan qui ne sera clairement pas du goût de tous les animaux peuplant les lieux, et qui voient en cet étranger un redoutable et nuisible prédateur. Va rapidement s’établir alors une impromptue relation : celle d’élever et de s’occuper d’un petit oison orphelin recueilli à son éclosion, Joli-Bec. Grâce à ce rôle de maman de substitution, pourra-t-elle alors s’adapter à cette vie sauvage ?
En confrontant deux mondes que tout oppose, avec d’un côté la science-fiction, l’intelligence artificielle, la robotique, et de l’autre la nature à l’état sauvage et son écosystème, Le Robot Sauvage s’établit sur un scénario assez classique du genre : comment se comporter face à l’inconnu ? Tout le film repose sur ce large concept, sur la distinction entre le bien et le mal, sur la tolérance et ses dogmes, et même sur la maternité/famille recomposée. Une base fondatrice chez les plus petits là où les plus grands – à l’âme forcément plus aigrie – pourraient trouver trace d’une certaine mièvrerie face à ce torrent de bons sentiments et de leçon d’universalisme, déjà vu et revus dans la grande famille du dessin animé.
Pour ceux-là, il existe tout de même une voie afin de s’enthousiasmer devant ce long-métrage : une réalisation à couper le souffle. Graphiquement sublime, Le Robot Sauvage offre également un divertissement visuel de tout premier plan, s’inspirant de manière très maligne des coutumes cinématographiques des deux univers. De magnifiques plans de nature (la scène de migration !), auxquels se mêlent des scènes d’action que ne renierait aucun blockbuster SF.
Le voilà le sursaut du studio. Le rythme est effréné, ça va à 100 à l’heure, une profusion de couleurs, de teintes, des explosions, on en prend plein les yeux. Et plein le cœur.
Alexandre De Freitas