[Interview] Midget! (1ere partie) : « on revendique le droit à brouiller les pistes »

Il est rare de rencontrer une vision singulière, à la fois humble, modeste et ambitieuse, désireuse de mettre à distance la frontière entre les genres, à délester de toute attitude savante une musique qui accepte simplement sa complexité pour mieux nous surprendre et nous laisser aller à la dérive. Et si c’était ça la vision de Midget!, ce duo constituée autour de Claire Vailler et Mocke. Voici un échange qui invite à plus de questions, à plus de surprises encore autour d’un univers musical ni vraiment crypté ni seulement limpide, celui de Midget!.

©Thomas Jean-Henri

Benzine : Claire Vailler et Mocke, vous venez de sortir le 4ème album de Midget!, Qui Parle Ombre, sept ans après Ferme Tes Jolis Cieux. On a l’impression qu’avec ce disque de 2017, vous aviez franchi une étape que vous prolongez sur Qui Parle Ombre en allant encore plus loin dans votre exploration. Qu’en pensez-vous ?

Claire Vailler : Est-ce que l’on va encore plus loin ? Je ne sais pas mais c’est sûr qu’on poursuit et qu’on creuse un sillon amorcé avec le morceau Premier Soleil car finalement, c’est un peu le titre qui fait la bascule entre les disques d’avant et Qui parle Ombre. En fait, on avait une idée sur Ferme Tes Jolis Cieux, qu’on a prolongée ici. Cette idée, c’était en gros de faire une micro-symphonie avec des motifs qui se répondent. Je crois que sur Ferme Tes Jolis Cieux, cette tentative se résume finalement à la reprise dans la dernière chanson, Les Cendres, des paroles de la première, Premier Soleil, mais sur une harmonie différente, comme pour boucler un cycle mais repartir d’un endroit légèrement différent. Mais en dehors de ce lien entre ces 2 morceaux, il n’y avait pas vraiment de fil conducteur ou de cohérence globale, contrairement à ce qui se passe dans celui-ci, qui est construit comme un ensemble.

Benzine : Que ce soit avec Holden, Transbluency, les premiers disques de Midget!, on vous sent tous les deux mal à l’aise avec le format classique de la chanson mais aussi de cette école française « patrimoniale ». Comment peut-on comprendre ce malaise ?

Mocke : Je n’ai juste jamais été très friand de genres musicaux délimités en fait. Cela m’a d’ailleurs joué des tours dans ma carrière car c’est justement ce que les maisons de disques ou les radios veulent, pouvoir mettre des étiquettes sur les choses pour mieux cibler le public et vendre leur marchandise. J’aime la pop ou la chanson, et je n’ai évidemment pas envie de renier ces vieilles amies. Ce que je n’aime pas en revanche c’est me confiner à un genre, être respectueux envers certaines règles ou conventions auxquels on serait censés se conformer. Je revendique le droit à brouiller les pistes et mélanger les genres comme bon nous semble.

Benzine : On sent dans votre travail à tous les deux au sein de Midget! comme une forme d’expansion, une ambition assumée et positive, une volonté à prendre des risques, à perpétuellement tâtonner. Qu’avez-vous appris l’un de l’autre ?

Mocke : Sans être le moins du monde une chanteuse lyrique, Claire est empreinte et nourrie de musique classique. J’en avais un peu écouté mais elle m’a donné envie de m’y immerger complètement, par curiosité mais aussi pour l’envie de composer des choses qui mettraient sa voix et sa sensibilité en valeur. La précision, l’élasticité de son chant combinée à une grande ouverture d’esprit ont été des outils précieux pour moi.

Claire Vailler : En écho à ce que dit Mocke, je ne savais pas vraiment que j’avais ça en moi. Les premiers morceaux que j’ai écrits et composés toute seule étaient de forme plus traditionnelle, même si, comme toute personne qui compose j’ai me patte harmonique à moi, je crois que je n’étais pas intéressée par l’exploration de choses qui étaient hors-format justement. Je ne sais pas si j’étais moins ouverte à ça ou si tout simplement je ne me posais pas encore ces questions, mais en tout cas il est certain que Mocke m’a vraiment ouvert des perspectives et m’a appris à chercher des choses en moi que je n’étais jamais allée chercher.

C’est ça qui est vraiment passionnant dans le travail à deux, c’est comment on évolue, et qu’on devient paradoxalement plus soi-même via le regard et les projections de l’autre. Et je ne veux pas dire par là que ces questionnements ne se seraient jamais apparus si je n’avais pas rencontré Mocke, sans doute bien sûr j’avais en moi cette envie-là, elle n’était pas encore sortie de sa coquille, mais ça c’est une histoire de magie de la rencontre et des hasards de la vie qui font qu’on est qui on est ; on ne saura jamais ce que j’aurais cherché toute seule par ailleurs, peut-être des choses très semblables, peut-être des choses très différentes. Ce qui est sûr c’est que grâce à nos échanges et notre collaboration je me sens profondément en accord avec ce que je suis.

Benzine : Peut-on dire que ce qui stimule votre créativité, c’est une forme d’insatisfaction et une envie de renouvellement ?

Mocke : Oui, vous avez complètement raison, c’est d’ailleurs presque ontologique chez moi, car j’ai une très grande peur de m’ennuyer. On fait la musique dans un dialogue avec nous-mêmes, même si c’est évidemment destiné à parvenir aux autres, ce sont aussi des défis et des questions que l’on se pose. Quand on est plongé dans un travail artistique, l’air qui nous manque au quotidien nous remplit les poumons, on se sent enfin exister et l’insatisfaction que vous évoquez devient alors un moteur.

Benzine : Brendan Perry du groupe Dead Can Dance me posait ce raisonnement dans une interview:

Notre société occidentale n’a plus de place ni d’espace pour une partition de musique instrumentale de 40 minutes. Elle ne sait plus se rendre disponible à la contemplation.

La musique de Midget! est certes exigeante mais elle reste toujours ouverte à son auditeur. N’avez-vous pas parfois l’impression comme Brendan Perry que vous êtes en opposition avec cette société du gain immédiat, vous avec votre musique qui impose une forme d’analyse et de contemplation dans la durée ?

Claire Vailler : Contemplation dans la durée, très certainement, quant à l’analyse, je ne pense pas. D’ailleurs, j’ai eu un échange récemment avec une amie qui écoutait pour la première fois Qui Parle Ombre et qui m’a dit, quelque chose comme « Je suis très admirative mais j’ai l’impression que je ne comprends pas, que je n’ai pas les clés » et on a eu une conversation très intéressante car moi je lui disais que je pensais qu’il n’y avait rien à comprendre, qu’il n’y avait pas besoin de décortiquer intellectuellement cette musique et je sais qu’il n’y a pas besoin de clé, il n’y a pas de références cachées qui permettraient d’un seul coup d’éclairer la musique sous un autre jour et de la faire apparaître dans une vérité de la façon dont elle devrait être reçue , comme si une telle chose existait en musique d’ailleurs.

C’est une musique plus sensorielle qu’intellectuelle je crois. Il n’est pas question d’y apposer un discours théorique. On peut être touchés par elle, ou non bien sûr, mais je pense que c’est plus une affaire de sensibilité personnelle que d’érudition musicale. Je conçois bien que cela peut prendre du temps de rentrer dedans car c’est précisément en dehors des formats de ce qui nous est proposé habituellement, cela peut demander peut-être un petit temps d’adaptation pour l’oreille. Je ne sais pas si c’est un effort mais cela demande de prendre le temps de se plonger dedans. Dans cette mesure là ça rejoint en effet la phrase de Brendan Perry sur le gain immédiat, peut-être quelque chose comme le temps de l’acclimatation à un nouveau milieu, à s’habituer à respirer un air différent, mais la dimension intellectuelle et analytique, non vraiment pas.

Benzine : Mocke, vous expliquiez, il y a quelques années, que votre jeu de guitariste a plus été influencé par vos retranscriptions de pianistes ou saxophonistes de Jazz. Quand la musique classique est-elle apparue en termes d’influences dans votre processus de création et qu’y avez-vous trouvé de stimulant ?

Mocke : En fait, c’est apparu plus tôt qu’on pourrait le penser car sur les derniers disques d’Holden et plus précisément le dernier, Sidération (2013), j’étais déjà bien là-dedans. Il y avait toujours des éléments jazz mais la découverte du classique m’a ouvert la porte vers d’autres harmonies et d’autres façons de composer. Bon, il se trouve que je suis quelqu’un qui aime apprendre, surtout quand je le fais moi-même, à mon rythme. J’ai vraiment puisé là-dedans, dans Benjamin Britten autant que Charles Ives ou Lili Boulanger. J’ai fait des espèces d’études de thèmes et de petits bouts de symphonies que j’ai essayé de comprendre pour pouvoir m’en servir et l’incorporer dans mon langage.

Claire Vailler : Je confirme qu’il adore apprendre des choses. Pour l’anecdote, quand on s’est rencontrés, j’en étais vraiment à mes débuts dans la musique et lui avait déjà la carrière que l’on connaît et pourtant c’était lui qui me demandait de lui apprendre ce que je savais en guitare, autant dire pas grand-chose, des morceaux de musique brésilienne. Je me suis vite retrouvée à lui apprendre des choses en guitare, ce qui est un peu un comble (Rires).

Benzine : De ce que j’ai lu, ici et là, vous concernant, Mocke et votre jeu de guitare plus particulièrement, vous avez été très influencé par le britannique Derek Bailey. C’est lui qui a d’ailleurs théorisé cette notion d’improvisation libre dans son ouvrage L’improvisation: Sa nature et sa pratique dans la musique édité en 1980. Quand on écoute vos travaux avec Midget! ou en solo, on sent cette recherche d’improvisation libre qui tend à se diluer pour aller de plus en plus vers des partitions au contraire très écrites. Etes-vous d’accord avec cette description ?

Mocke : Oui et non en fait. Bien sûr, Derek Bailey est un guitariste et un artiste que je respecte immensément. Mais ce n’est pas non plus le guitariste que j’ai le plus écouté. Il y a des guitaristes des années 30 comme Charlie Christian qui ont été mon pain et ma religion au quotidien. Mais Derek est fascinant parce qu’il a complètement modifié l’approche et la relation qu’on a avec une guitare

Son cheminement est passionnant, il venait du Jazz mais a complètement déconstruit son jeu et son langage quand il a découvert le compositeur et pionnier du dodécaphonisme Anton Webern. Webern écrivait des pièces atonales très courtes qui traduisaient à merveille une sorte d’effroi métaphysique. Quand on écoute les premiers disques de Derek Bailey, on sent très clairement l’influence de Webern Mais par la suite, il s’est encore transformé, il a fait de l’improvisation une matière brutale, organique, crue et d’une violente beauté.

Pour revenir à votre question, je crois que j’aime autant l’improvisation que la « partition » ou la chose composée. Je collabore avec pas mal de gens, et sans même qu’on me le demande, j’ai parfois envie de réentendre en concert ce que j’ai préalablement enregistré pour eux en studio.. Mais il arrive immanquablement un moment où je me lasse de ces choses déjà enregistrées et l’improvisation reprend le dessus. Bon, quand je joue avec mon amie Delphine Dora, on ne fait qu’improviser et c’est alors une sorte de dialogue inconscient qui s’ouvre entre nous- on parle plus facilement par ce biais là qu’avec des mots.

Benzine : Il y a toujours eu un rapport à l’abstraction dans votre musique. C’est vrai qu’avec ces deux derniers disques de Midget!, vous vous raprochez de plus en plus de la musique classique, du microtonalisme et du minimalisme. Pourtant, on sent tout le temps ce je ne sais quoi issu de vos expériences pop, ce refus de la virtuosité et de l’hermétisme. Provoquer les accidents et une forme d’hybridation entre les genres, c’est ce qui vous exalte ?

Claire Vailler : Tout cela n’est pas volontaire, pour répondre très simplement, on a seulement envie de chercher des choses que l’on aime et qui nous plaisent sans se mettre de contraintes et sans se soumettre à un format donc ce qui en résulte, je ne sais pas si c’est une hybridation mais comme pour toute création, c’est nourri de tout ce qu’on a écouté et aimé. Il n’y a pas chez nous de démarche intellectuelle sur ce à quoi devrait ressembler notre musique, on n’en sait rien.

Mocke : J’aime beaucoup l’abstraction en musique mais je n’aime pas trop son corollaire habituel, l’austérité. Ce qui m’intéresse c’est de faire des choses abstraites et pop en même temps, à la fois atonales et curieusement « catchy » … on sait bien que ces notions ne sont pas normalement pas trop compatibles et ça m’amuse bien sûr. Tout en nous évitant d’adopter la posture des artistes qui font de la musique savante

Benzine : Y a-t-il d’autres musiciens dont vous vous sentez proches dans une forme de communauté d’esprit?

Mocke : Oui évidemment, on se sent très profondément reliés à des gens comme Half asleep, Léonore Boulanger, Sylvain Chauveau…sans parler des gens avec qui j’ai eu le bonheur de collaborer, Nicolas Worms, Silvain Vanot, Arlt, Chevalrex. Delphine Dora, Garciaphone

Claire Vailler: Oui le terme de communauté d’esprit est bien choisi, mieux que celui de famille musicale, car lien se situe en amont du résultat, dans la démarche et dans la recherche, pas dans une similarité de la forme ou du genre musical.

Benzine : N’y-a-t-il pas dans le travail de Midget! un jeu conscient avec le hasard et l’aléatoire ?

Mocke : Le hasard et l’aléatoire, je ne sais pas trop. Je pense qu’il y a plutôt une espèce de jeu combinatoire entre les thèmes et les sons, ainsi qu’une envie de transformer la matière sonore qu’on a entre les doigts. La notion de transformation est du reste très importante pour nous, aussi parce qu’un objet transformé peut offrir plusieurs facettes contradictoires (une mélodie majestueuse ou symphonique jouée avec un son inadapté par quelqu’un de pas tout à fait compétent)

Consultez-donc notre Petit aperçu de la musique microtonale ICI pour éclairer les propos de Midget

Benzine : Je suis désolé, je vais revenir à une forme de classification de la musique, comment expliqueriez-vous le microtonalisme à des non-initiés ?

Claire Vailler : C’est l’utilisation d’intervalles plus petits et rapprochés que dans la musique occidentale tempérée où le demi-ton est le plus petit intervalle.Il est à noter que les quarts de ton sont monnaie courante dans la musique orientale.

Mocke : Déjà au début du 20eme siècle, des gens comme Charles Ives ou Harry Partch ont essayé d’ouvrir la musique classique à la microtonalité. C’est un vieux terrain d’expérimentation.Notre lien avec ce mouvement est très ténu, c’est juste que je me suis fait fabriquer une guitare microtonale que j’utilise abondamment dans Midget! et que Claire pratique l’art du glissando.

Claire Vailler : J’essaie de glisser entre les notes, de chanter dans des interstices qui ne sont pas nets et qui font que la note glisse, ce qui donne une impression de flottement, d’incertitude sur la justesse même.

Benzine : Comme je le disais en introduction de cet échange, Qui Parle Ombre est né d’une forme de continuïté avec Ferme Tes Jolis Cieux. Votre disque précédent est passé entre les mains du compositeur anglais Gavin Bryars, ce qui lui a donné envie de collaborer avec vous. Que pensez-vous qu’il a trouvé de commun avec son œuvre dans votre musique ?

Claire Vailler : Je pense que c’est principalement le morceau Premier Soleil qui ouvre notre précédent album qui peut faire écho à certaines compositions de Gavin Bryars. On y trouve des motifs qui apparaissent et disparaissent, de cordes, de timbres différents qui se fondent et se mélangent. Cela finit par constituer une espèce de matière mouvante au sein d’une harmonie très simple et qui peut évoquer certains de ses travaux comme The Sinking Of The Titanic (1969), et que l’on avait en tête pas forcément pour les recréer mais qui nous ont traversés et nourris. Il y a ce côté incantatoire de religiosité bizarre un peu comme dans La Nuit Transfigurée (1899) d’Arnold Schönberg, des instruments en train de fondre comme si les timbres se noyaient eux-mêmes. C’est peut-être quelque chose qu’il a pu reconnaître dans Premier Soleil.

Benzine : Comment avez-vous travaillé avec lui sur ce projet ?

Mocke : Ça a mis un peu de temps avant de se faire. On lui a envoyé des maquettes qui étaient quand même assez avancées avec déjà des indications d’arrangements, sur lesquelles il s’est appuyé, en les retraduisant dans son esthétique personnelle. Il a eu tendance à plutôt simplifier et alléger l’ensemble, à élaguer certains ancrages harmoniques (ce qui n’est pas surprenant de sa part), et le résultat était une matière légère et aérienne -malgré la présence de 13 musicien.ne.s et chanteuses à nos côtés- assez loin de ce qu’est l’album aujourd’hui, et de ce qu’étaient nos maquettes au départ.

Claire Vailler : On peut quand même dire que ça n’aura pas été une simple affaire, pour plein de raisons, notamment que c’est un projet vraiment lourd à porter, (15 personnes sur scène !) qu’on était alors en plein COVID et que donc tout a été conditionné par l’actualité sanitaire, on a eu très peu de temps pour le mettre en place : pas eu le temps d’avoir un véritable échange artistique avec Gavin en amont, on a reçu les partitions la veille de la première résidence de travail, pas non plus eu le temps de répétition nécessaire pour constituer avec l’Ensemble 0 qui nous accompagnait un vrai socle solide et se plonger vraiment dans la musique, les sons, les timbres comme il l’aurait fallu, mais bon c’est comme ça, c’était quand même une super expérience de jouer à l’Opéra de Lyon, entourés de tous ces musicien.ne.s formidables !

Benzine : Est-ce que cette forme de frustration vous donne envie de donner une prolongation à cette collaboration ?

Mocke : Je ne crois pas car ça a quand même été un parcours du combattant. Une chose qui était particulièrement frustrante c’était de ne pas être en maîtrise. On a été très contents de revenir à quelque chose de beaucoup plus simple, nous deux et Atom TM, et Rémy Poncet d’Objet Disque.

Claire Vailler : On s’est rendus compte de ce que voulait dire aussi de monter un projet pareil en termes de travail organisationnel, hors artistique, de boucles de mails, de questions logistiques entre multiples interlocuteurs, qui sont bien entendu la condition pour que des propositions de cet ordre voient le jour …On a toujours fait les choses rapidement, librement, à notre rythme, on a l’immense privilège de travailler avec Rémy d’Objet Disque, qui est un ami, et avec lequel les relations sont ultra fluides et faciles, donc c’était un sacré changement pour nous, tout ce gros dispositif, et c’était bien de le vivre, aussi pour se rendre compte qu’on est peut-être pas taillés pour ça. En tout cas le retour à un échange purement artistique et très largement délesté des éléments de production et de finance a été un sacré soulagement.

Benzine : Vous expliquez dans le communiqué de presse qui accompagne le disque vouloir tenter de trouver une articulation entre musique savante et populaire en intégrant une forme de modernité. Par exemple, pour le chant, vous le délestez de ce « lyrisme opératique du début du 20ème siècle ». Créer pour vous, ce serait s’appuyer sur un patrimoine pour mieux s’en affranchir ?

Mocke : Oui complètement. C’est un peu monter sur les épaules d’artistes qui ont existé avant nous. En fait, ce n’est pas vraiment critique par rapport au chant lyrique, on aime beaucoup ça. Mais Claire n’est pas une chanteuse lyrique et on se doit de jouer avec ça.

On aime énormément s’inscrire dans quelque chose qui ne nous appartient pas, quelque chose de vaste et enveloppant comme le romantisme du 19eme siècle. Là-dessus, nous on se ramène et on s’essaie à l’écriture de lieder plus que de chanson. Sans jamais oublier que nous sommes au 21eme siècle bien sûr.

Interview réalisée par Greg Bod

Qui Parle Ombre est sorti le 20 septembre 2024 chez Objet Disque.

Un grand merci à Claire Vailler et Mocke pour leur gentillesse et leur disponibilité. Un grand merci à Marc Chonier pour l’organisation de l’entretien.

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