L’avenir décrit par “Bonaventure” Corteggiani est sombre, alors que les luttes sociales s’intensifient sur une planète à l’agonie.
Publié en 2023, le premier opus décrivait un futur (trop) proche où la Terre est devenue invivable et où les réfugiés climatiques affluent vers la cité de Kosmograd. Or, la ville était aux mains de Kosmi, une toute puissante compagnie qui bâtit un ascenseur orbital voué à conduire l’humanité dans l’espace. Trois jeunes filles, Zoya, Ev’ et Paouk, allaient découvrir ce que tramaient les puissants de ce monde.
Bonaventure aime suffisamment cet univers agonisant pour lui consacrer un préquel en deux tomes. Nous découvrons l’enfance de Zoya, réfugiée climatique devenue esclave et condamnée à trier les déchets pour obtenir, peut-être, une accréditation de citoyenneté. Parallèlement, nous suivons Manavi, une lycéenne confrontée au racisme ordinaire de ses camarades. Vous comprendrez que la cité ne saurait accueillir toute la misère du monde !
Le monde décrit concentre trop les tares actuelles de notre époque, le racisme et la xénophobie, l’exploitation sociale et la violence sexuelle, la destruction de la planète et le dérèglement climatique, qu’il porte de plus à leur paroxysme, pour que l’addition ne soient un peu lourde et que les rebondissements de son histoire ne paraissent souvent attendus.
Pour autant, le graphisme, toujours très personnel de Bonaventure, demeure agréable. Il aime ses héroïnes, les anime avec talent et nous les rend sympathique. Son trait simple et faussement spontané est efficace et ses couleurs froides participent à la déshumanisation de sa triste mégalopole. Leur avenir est sombre. Pour nous, espérons qu’il soit encore temps…
Stéphane de Boysson