Sophie Allison aka Soccer Mommy se livre corps et âme sur Evergreen. Un disque folk-indie inspiré qui dompte aussi bien les sonorités brutes que sophistiquées mises en lumière par la production soignée de Ben H. Allen III.
Son dernier album Sometimes, Forever (2022) était truffé de sons atmosphériques, ce qui la classait parmi les artistes shoegaze version soft. Sa voix, qui n’est pas sans rappeler celle de Suzanne Vega, s’impose désormais sans heurts et trouve son exutoire dans une veine plus folk-indie.
La production d’Evergreen a été confiée à Ben H. Allen III, connu dans le milieu hip-hop pour ses collaborations avec le label de Puff Diddy, le bien nommé Bad Boy Records, avant de poser ses câbles à Atlanta et d’y produire Deerhunter, Animal Collective, Christina Aguilera ou encore Kaiser Chiefs. Les onze titres d’Evergreen évitent le minimalisme canal historique grâce au travail finement mené sur les arrangements et effets sonores, transformant des chansons classic-folk mélancoliques en osmose acoustique. Suite à la perte d’un proche, Sophie Allison y décrit ses souffrances et la reconstruction nécessaire.
La voix plaisante de Sophie Allison aka Soccer Mommy illumine donc Lost, accompagnée simplement d’une guitare acoustique et de quelques cordes et nappes synthétiques que M-Tapes va redorer par des arrangements soignés. Driver sonne l’heure de la révolte et alterne des moments des plus doux aux plus musclés, les paroles relatent une histoire d’amour qui bascule dans la routine, le rêveur Some Sunny Day se targue d’une suite d’accords atypiques, comme une échappatoire à ladite routine. Sophie Allison renoue avec la dream-pop sur Changes, sa voix vaporeuse et l’instrumentation délicate sont juste parfaites.
Il y’a un peu de The Cure – In Beetween Days-, dès les premières notes d’Abigall. Avec une approche plus catchy qui valorise les arpèges de guitares électriques, les violons et autres sons d’ambiance confortent le spleen. Le puissant mid-tempo de Thinking of You retient les guitares totale indie 90’s pistonnées par le chant en phase, à l’inverse de Dreaming of Falling dont la mélodie charrie la voix dans un labyrinthe émotionnel sans fin.
Des guitares à la Swell sied parfaitement à Salt in Wound. Le groove y est débonnaire et convoque un solo grunge du meilleur effet. Une rythmique post-dub sud-américaine intronise Anchor doté d’un refrain sonique, Evergreen coche l’option acoustique et fourmille d’idées sonores.
Avec la tristesse et l’espoir comme dopamine, le nouvel album de Soccer Mommy se veut-il thérapeutique ? : « Pour moi, c’est comme si tu regardais le monde, et il y a la beauté et il y a la laideur, il y a la douleur et il y a la lumière. Toutes ces choses auxquelles on peut s’identifier peuvent être une source de paix pour moi » confiait récemment Allison au webzine Thelineofbestfit. Parfaitement retranscrit sur son album Evergreen.
Mathieu Marmillot