On pourrait se laisser croquer par King Krab, notre corps spongieux deviendrait alors une proie pour cet étrange animal incarné par un duo résolument moderne et étrangement inspiré par les 80s. Ca croustille et s’émoustille !
Le duo King Krab bénéficie d’éloges amplement méritées et pas des moindres, de la part des médias, par cette couleur sonore spécifique, les deux frangins ont trouvé cet alliage entre les voix et la musique modelées au cordeau. Influences 80s vous voilà ! La suite de All In premier album inauguré en 2016 qui les avait propulsé jusqu’en Chine, est d’une vivacité bienvenue en cet automne.
Commençons donc par décortiquer ce disque tant encensé, l’album se conjugue en plusieurs déclinaisons linguistiques, les textes sont confiés à quelques invitées (Marilou Gerard sur 31 août). D’abord, il y a ce son réhaussé de subtiles accentuations qui ferait croire que King Krab débarque des studios de Giorgio Moroder. S’il fallait choisir choisir entre le passéisme et l’avant-gardisme, pour ma part, je trouve que ces deux-là s’amusent très bien ensemble. Il serait réducteur de prendre comme subterfuge le raccourci facile de la nostalgie. Lucas et Adam Derrez sont sensibles à cette infinie volonté de réconcilier le passé avec le présent, jusqu’à même parier sur le futur. Venons-en donc aux titres qui nous préoccupent et dont la propension est de provoquer des mouvements corporels incontrôlables. The Roof devient justement un dancefloor, synthés analogiques et chœurs purement dans l’esprit cool des Buggles. Le côté fun se prolonge avec Blame on me mais surtout le P.Funk dans Soon or later. Flashback sous les lights, on évitera les comparaisons foireuses pour uniquement se focaliser sur l’écriture de King Krab. Pour faire simple, on pourrait rapprocher leur musique à celle de L’impératrice pour le côté coloré, old school, tout en étant furieusement moderne. D’ailleurs on en profite pour féliciter la comm’ et le press release grand format transmis aux journalistes, un bel objet.
Tomorrow can wait ralentit les aiguilles du temps, et devient le compagnon idéal de tous les instants, depuis le lever du soleil, jusqu’à à son coucher (après avoir dansé toute une nuit), l’ami imaginaire, de toutes les saisons. Boom Boom Kick est un hit Disco dont les beats pourraient déranger votre voisinage, invitez plutôt votre entourage à vous rejoindre durant les 3 minutes 26 secondes sur la piste improvisée de votre salon, pour oublier les tracas du quotidien. Et puis vient Molly avec ses arpégiateurs et ses sonorités Housy-technoïdes. Alors que pour la plupart des albums, les meilleures compositions se situent au début de l’album, King Krab se targue d’un titre final totalement jubilatoire, funky à mort avec ses parties baveuses de synthés caoutchouteux.
Le duo signe un véritable album érigé non pas comme un « One Hit Wonder » mais comme une musique suffisamment calibrée, jamais rébarbative. C’est une curiosité qui mérite finalement d’être écoutée en ces temps mornes.
Franck Irle