Sorti de façon très limitée en France, Look Back est un film japonais d’animation en forme de beau récit d’une amitié basée sur la création artistique. Une réussite disposant désormais de sa session de rattrapage VOD grâce à Prime…
Pourquoi ne pas avoir évoqué Look Back au moment de sa sortie en salles dans l’hexagone à la mi-septembre ? Parce que son exploitation dans nos contrées était encore plus réduite que ce qu’on appelle une sortie technique. 48 heures dans un réseau très limité de salles. Il faut dire que le manga dont le film est tiré est culte sans pour autant avoir le niveau de popularité française d’un One Piece. D’où cette sortie à risque financier faible réservée au public le plus motivé. A l’inverse, le film sortit fin juin au Japon, y a fait plus d’un million d’entrées grâce aux bons retours critiques et au bouche à oreille et y est toujours exploité. Cette sortie Prime va faire office de rattrapage.
Fujino, adolescente surdouée, croit en son talent de mangaka en herbe. Kyômoto, elle, se terre dans sa chambre et partage le même rêve. Alors qu’au début Fujino est jalouse du talent de Kyômoto, le récit va les rapprocher. L’adaptation du manga réussit à concilier deux pôles de l’animation japonaise. La délicatesse du trait, le ton doux-amer du versant le plus populaire en France de l’animation japonaise. Mais aussi les audaces formelles vues dans un versant plus déjanté de l’animation en provenance du pays du soleil levant, tel celui des films et séries d’Hideaki Anno (la franchise Neon Genesis Evangelion, Elle et Lui). Qualités distinguant le travail d’Oshiyama de beaucoup d’adaptations de mangas simplement illustratives.
Mais il y a les retournements de fin de film, émotionnellement puissants. Virages à 180 degrés rappelant que Tatsuki Fujimoto, auteur du manga d’origine, avait déclaré vouloir faire des bandes dessinées aux retournements narratifs proches dans l’esprit de ceux du polar sud-coréen contemporain.
A ce stade, beaucoup auront fait le rapprochement avec un certain film avec Brad Pitt se déroulant en 1969. La différence est que Look Back cherche non seulement à conjurer l’horreur par la réécriture de l’histoire mais aussi dans le monde réel. Une fois l’uchronie finie, les devoirs professionnels de la mangaka reprennent leurs droits. A la fois un passage à l’âge adulte et un hommage à la passion pour le manga de la défunte. Une passion qu’elles partageaient malgré les contraintes commerciales du métier.
Look Back est un moyen métrage aussi court que réussi. Un film faisant d’Oshiyama un cinéaste d’animation à suivre.
Ordell Robbie