Chris Oliveros nous raconte l’histoire oubliée d’une révolution avortée et du Front de libération du Québec des années 1960.
En 1963, à Montréal, nait le Front de libération du Québec (FLQ). En 9 ans, il sera crédité de 300 attentats à l’explosif, qui causeront la mort de 10 personnes. La matrice est clairement révolutionnaire et les modèles sont Fidel Castro et le Che, alors au faîte de leur gloire.
De fait, une minorité anglophone domine politiquement et économiquement la majorité francophone. Une poignée d’agitateurs socialistes rêve de changement. Ils réunissent quelques comparses, leur promettent la révolution et appellent au sacrifice, la fin justifie les moyens. Ils haranguent les ouvriers, poussent à la grève, puis devant l’inanité de leurs résultats, se radicalisent et envisagent la lutte armée.
Le scénario de Chris Oliveros prend la forme d’un documentaire qui, au début des années 1970, aurait interviewé acteurs, victimes et témoins. Il s’attarde sur les trois « chefs de cellules » successifs, Georges Schoeters, François Schirm et Pierre Vallières. Ils seront tous emprisonnés, Schirm est même condamné à mort, mais la peine ne sera pas exécutée.
Le dessin surprend par son parti pris cartoonesque. Les visages sont ronds, les chevelures ébouriffées et la violence, qui est montrée, traduite par des « boum », « bang » et autres « splaf ». Le ton général frise la parodie. Les apprentis révolutionnaires échouent à soulever la population. Les « felquistes » manquent de moyens, tuent, involontairement, des innocents, se font rapidement interpellés par la police et passent aux aveux. Décrits comme de véritables Pieds nickelés, leur menace enflamme certes la presse et les conversations, mais elle n’inquiète guère le pouvoir en place.
Parfaitement documenté et sourcé, le scénario décrit une succession d’échecs piteux, mais ne les explique pas réellement. La question révolutionnaire demeure, quelles sont les conditions de la réussite d’un mouvement terroriste ? Si nos apprentis révolutionnaires font, un peu, pitié, ils céderont la place à des mouvements politiques et la volonté d’affirmation du peuple québécois empruntera bientôt la voie démocratique. Mais, ceci est une autre histoire.
Stéphane de Boysson