Katerine – Zouzou : Les Joujoux de Zouzou

Après avoir passé l’été « Nu » sur les télés du monde entier durant les J.O., Katerine publie un nouvel album où la dualité entre son image de clown décalé et sa direction artistique atteint de nouveaux sommets. Entre poésie et n’importe quoi.

Katerine - Zouzou
© Philippe Jarrigeon

Il aurait pu n’être qu’un artiste un brin lunaire, poète d’une variété française de niche apprécié de la critique mais la vie en a décidé autrement. Philippe Katerine est devenu au fil des années un personnage unique, une gueule connue dans le paysage et ce au gré de plusieurs « accidents » de parcours. Un tube imprévu tout d’abord avec Louxor J’adore, des rôles marquants au cinéma (en Boris Vian chez Sfar ou dans Le Grand Bain auréolé d’un César), des morceaux implantés dans l’imaginaire collectif comme La Banane, un passage en prime aux US dans le talk show de Jimmy Fallon pour reprendre son titre Moustache moqué quelques semaines auparavant sur le même plateau. Et désormais une image en mondovision: le déguisement Dionysos pendant la cérémonie des derniers J.O., moment qui n’avait pas manqué de faire parler.

Katerine - ZouzouUn buzz considérable pour présenter son nouveau single, Nu, pas de doute on s’inscrit bien dans la lignée de cette hallucinante liste de coups de projecteur impromptus. Même si, et c’est bien malheureux, le visuel a largement pris le dessus sur le contenu auditif alors que la matière proposée se suffisait à elle-même. Une ode à la paix, à l’égalité, à l’amour, sauce Katerine évidemment (« Est-ce qu’il y aurait des guerres si on était resté tout nu ? ») portée par de très beaux arrangements. Presque sérieux !

Allons droit au but, ce ne sera pas spécialement le cas de ce Zouzou, nom d’album donné en hommage à sa chienne que l’on retrouve à ses côtés sur la pochette, dans une pose pastiche non déguisée d’un Thriller.
Pour les amoureux des élucubrations abstraites, du côté clown de l’artiste, le festin est servi: un titre sur son pénis sous piano de Bach (Que Deviens-tu ?), sur le caca de son canidé donc (Zouzou), des essais exotiques avec du ska (Sous mon Bob) ou une rythmique un peu latino avec vocoder (Total à l’Ouest). Monsieur ne s’interdit rien une fois encore et ce sera à chacun de mettre ses propres limites de l’acceptable et du bon goût.

Est-ce que le personnage prend définitivement le pas sur le chanteur ? La question se pose sur une bonne partie de l’opus. Le trait est un peu forcé, à la recherche de l’originalité absolue en empilant des idées farfelues. Alors oui, c’est dans l’ADN de Katerine et ça fait parti du jeu mais ce serait bien dommage de ne s’enfermer QUE dans ce schéma.
Fort heureusement, la lumière fait son apparition sur une deuxième moitié plus touchante, où la nostalgie et le temps qui passe deviennent des thèmes récurrents.

Derrière son côté socio-beauf, Chez Philou cache une réelle tendresse, au même titre que la trilogie Frérot, Bonifacio et Sous la Couette avec leur petit côté synthé vintage très bien ficelé. Notons d’ailleurs que le disque a été travaillé avec Adrien Soleiman ainsi que Victor Le Masne, le directeur musical des JO à qui l’on doit ce fameux jingle partout en boucle durant l’été.
Vient se glisser également une collaboration avec Flavien Berger pour ce qui est sans aucun doute le meilleur morceau, Une Chambre à moi. L’association des deux univers est d’une logique et d’un naturel total et en appelle bien évidemment d’autres.

Tour à tour foutraque, irréel, libidineux, drôle, gênant ou brillant et parfois tout à la fois, Zouzou est la vision d’un artiste en totale roue libre, qui n’a plus grand chose à (se) prouver et qui profite juste du moment pour s’amuser de sa notoriété en la mélangeant à sa singularité.

Alexandre De Freitas

Katerine – Zouzou
Label: Cinq7/Wagram
Date de sortie: 8 novembre 2024

 

4 thoughts on “Katerine – Zouzou : Les Joujoux de Zouzou

  1. Bonjour, pour moi PK c’est le néant artistique (sa musique est naze, ses paroles débiles) ce mec, qui se croit marrant dans ses comportements ridicules et ses tenues vestimentaires toutes plus grotesques les unes que les autres, est vraiment affligeant !

  2. Merci d’avoir mis des mots sur mon ressenti général de cet homme et artiste. Qui a sans doute mal grandi.
    Sur ses coups de génie, ses trous d’air et sa palette plutôt impressionnante.
    Quelques considérations en vrac :
    L’obsession pour le temps qui passe est toujours là. Il y a eu en 1998 « J’ai trente ans » et à présent « les poils blancs sur les testis » et « Que deviens-tu, ma verge ? ». La formule reste sensible.
    Je trouve le son du dernier album « petit bras ». Je préférais la rondeur organique des premiers albums : guitare, basse, batterie, orgue, piano et micro pour monsieur Katerine (devenu Philippe Katerine après sa nuit au Louxor) qui faisait le job tout en nuances.
    C’est sans doute que je manque de subtilité, mais pas d’appétit musical. Enfin, remplir des salles de 10 000 places et s’y produire, est-ce un acte artistique ? Ce sera sans moi.
    Voilà

  3. Cher Bla, mon niveau d’analyse vaut ce qu’il vaut en tout cas il est argumenté ! Que vous ne soyez pas d’accord je l’accepte tout à fait mais par contre vous vous n’argumentez rien du tout donc le néant est de votre côté ne vous en déplaise !

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