[Live Report] Shannon and The Clams et Mock Media à la Station Gare des Mines (Paris) : hors du temps…

Responsables d’un album brillant, The Moon Is In The Wrong Place, les (très) originaux Shannon and The Clams ont réjoui hier soir leurs fidèles (de plus en plus nombreux) à la Station Gare des Mines. Pour ajouter à la fête, nous avons eu droit à une belle première partie avec les Canadiens de Mock Media.

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Shannon & The Clams à la Station Gare des Mines – Photo : Eric Debarnot

Shannon and The Clamms, groupe singulier, voire franchement bizarre, proposent une version contemporaine du Doo-Woop des années 50-60 revisité via l’esprit garage rock. C’est évidemment assez segmentant comme proposition musicale, mais petit à petit, leur fan base parisienne s’élargit : a priori, environ 450 spectateurs rempliront ce soir la salle de la Station – Gare des Mines, ce qui peut aussi être expliqué par l’excellence de leur dernier album – leur meilleur -, The Moon is In the Wrong Place.

2024 11 12 Mock Media Station Gare des Mines20h00 : la soirée commence (et très bien, ma foi) avec un quatuor canadien (ils sont originaires de Vancouver, annoncent-ils), Mock Media, souvent présenté comme un « super-groupe » parce que formé par des membres d’autres groupes canadiens connus. « Super », ils le sont en tous cas en termes d’énergie et de bon esprit, puisqu’ils vont nous offrir trois quarts d’heure de bonne musique, jouée avec enthousiasme, joie et passion, même. Les deux guitaristes et le bassiste composent un trio dynamique, et plutôt spectaculaire, sans même parler du fait qu’ils chantent tous les trois, soit à tour de rôle, soit tous ensemble sur certains titres. Ce qui fait leur charme, mais leur sera reproché par certains spectateurs, c’est une incroyable diversité de styles… qui peut être qualifiée de dispersion. Nous, on a plutôt eu l’impression de voir une version 2024 du Clash époque Sandinista, passant sans coup férir du post punk versant Talking heads / XTC (l’intro Madness, irrésistible avec son dérapage vers la country music) au punk rock énergique mais mélodique (leur excellent dernier single Hooked), au hip hop, à la soul, voire pour finir à un superbe morceau afro-beat, renforcé par un saxophone (Touch The Ground, indiscutable sommet de la soirée). Encore un groupe canadien à suivre de près !

2024 11 12 Shannon & The Clams Station Gare des Mines21h05 : Shannon and The Clams sont là ce soir pour soutenir leur The Moon Is In the Wrong Place, et ça va se sentir : neuf titres de l’album sur une setlist de 19 titres, ça ne laisse finalement qu’une portion congrue aux extraits des six autres disques du groupe. Mais on ne va pas se plaindre, puisqu’on va pouvoir jouir des versions live des petites bombes que sont Big Wheel (qui sera en effet l’un des grands moments de la soirée), The Moon Is In the Wrong Place, ou encore les formidables Real or Magic (le seul titre lent du set, et le plus beau moment d’émotion…) ou encore Bean Fields (le tube de l’album, qui conclura le rappel dans l’allégresse générale). On regrettera dans cette sélection l’absence de Life Is Unfair, superbe conclusion country bouseuse (matinée de comédie musicale) du disque qui nous aurait fait du bien. Pour le reste, les fans auront quand même pu soigner leur nostalgie sur le super Doo-Woop de Ozma, et sur une double poignée de « classiques confidentiels » comme Point of Being Right, décalque amusante de These Boots are Made for Walking, balancée d’entrée de jeu.

2024 11 12 Shannon & The Clams Station Gare des MinesSi l’on est évidemment là pour admirer la puissance vocale et le coffre de « Queen » Shannon – et on ne sera pas déçus ! -, on est surpris par la fréquente voix de fausset de Cody, improbable « brother » de Shannon, qui ajoute plus qu’une petite dose d’étrangeté dans le spectacle baroque qu’offre le groupe sur scène. Le son « Farfisa », typique du garage rock, qui sort des claviers de Will, le style classique et élégant à la batterie de Nate – coiffé de son magnifique Stetson -, le jeu de guitare très particulier – presque pointilliste – de Cody, et la basse rampante et virtuose de Shannon construisent une musique à la fois puissante et régulièrement déroutante… desservie sur certains titres par un son un peu brouillon.

Une bonne partie du public est aux anges, chantant et dansant sur ses rythmes et ses mélodies auxquels on est bien en peine de donner un âge : sommes-nous dans les années 50, 60, ou sommes-nous revenus encore plus en arrière dans l’histoire des USA ? En tous cas, l’Amérique de 2024, avec ses clowns sinistres que sont Trump et Musk, paraît bien lointaine ce soir.

Et c’est peut-être ça, la grande VERTU de la musique de Shannon and The Clams : nous permettre de revenir à des émotions simples – l’amour, le deuil, grand sujet de l’album, mais aussi la joie simple de danser. Hors du temps.

Texte et photos : Eric Debarnot

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