[Disney+] Only Murders in the Building – Saison 4 : Hollywood Vampires

Si son passage sur les planches de Broadway avait été bénéfique à la série-friandise Only Murders in the Building, il n’en est malheureusement pas de même pour cette virée à Hollywood et dans les milieux toxiques du cinéma. La saison de trop ?

Only Murders in the Building Saison 4
Copyright Disney/Patrick Harbron

On avait admiré la manière dont un simple passage par les planches de Broadway avait relancé l’intérêt, dans sa saison 3, de la délicieuse sucrerie qu’est Only Murders in the Building, qui pantouflait beaucoup trop dans son univers très fermé de l’Arconia, immeuble de prestige près de Central Park. Les scénaristes ont dû se rendre compte qu’ils tenaient là un filon, et se sont dit, pour cette saison 4 : « Pourquoi pas Hollywood, maintenant ? ». Cela paraissait évident, mais cela ne fonctionne pas vraiment, dans cette nouvelle saison, qui est la première déception que nous offre la série de John Hoffman et Steve Martin

Only Murders in the Building S4 afficheSazz Pataki, l’amie et doublure de Charles (Steve Martin) ayant disparu (nous savons qu’elle s’est fait abattre d’une balle à la fin de la saison précédente, mais notre trio d’enquêteurs / podcasteurs ne le savent pas, eux !), la fine équipe se lance à sa recherche, à Hollywood en particulier. Et cela tombe bien, car ils doivent justement s’y rendre pour signer le contrat d’adaptation de leurs aventures au cinéma. L’enquête se rapatrie vite néanmoins à New York, où deux pistes s’offrent à eux : le milieu de cascadeurs, dont faisait partie Sazz, et l’aile « pauvre » de l’Arconia, où vivent des gens plus « ordinaires », donc forcément peu recommandables…

On saisit qu’il y a à la base de cette nouvelle enquête policière de Mabel (Selena Gomez), Oliver (Martin Short) et Charles, un gros potentiel et pas mal de bonnes idées… qui, malheureusement, seront très mal traitées par un scénario jamais assez intelligent pour les creuser en profondeur, comme, avouons-le, un film de « vrai cinéma » l’aurait sans doute fait. Le plus frappant est la sous-exploitation de ce qui était conceptuellement le plus brillant dans ses prémisses : le fait que nos héros soient désormais interprétés à l’écran par des acteurs hollywoodiens réputés (Eva Longoria, Zach Galifianakis et Eugene Levy, qui joue leurs propres rôles). On attendait des étincelles de cette mise en abîme, permettant de questionner la représentation à l’écran des personnages de fiction, tout en offrant un boulevard aux « stars » pour déconstruire leur image publique : il ne se passe malheureusement pas grand chose de la sorte, et la grande idée débouche sur quelques courtes scènes plates et peu stimulantes. Finalement, le scénario préfère aligner les poncifs les plus courants sur l’ambition effrénée de toutes et tous à Hollywood (cascadeurs y compris…) et sur les comportements toxiques que cela génère…

Plus gênant est le traitement du thème « social » derrière l’exclusion des locataires de la partie de l’immeuble « de l’autre côté de la cour » : on a régulièrement l’impression que, comme ils sont exclus « dans la vie » de la bonne société de l’Arconia, leurs personnages sont finalement exclus du scénario, réduits à des caricatures pas drôles ou à ce qui doit être une private joke à propos du Portugal (et de son « jamon », les scénaristes US ne faisant guère de différence entre le Portugal et l’Espagne !). On tenait pourtant là une mine d’or pour railler les comportements des uns et des autres dans une New York, on le sait, fortement clivée entre les plus fortunés et la population « ordinaire », mais il y a clairement de la part de Martin et Hofman une frilosité devant la possibilité d’ajouter la moindre profondeur à leur univers de stéréotypes.

Si la saison n’est pas un désastre, c’est que l’alchimie au sein du trio fonctionne toujours parfaitement, que certains épisodes font toujours parfaitement le job (le premier, prometteur, ou encore celui où nos héros se réfugient en « banlieue » qui permet à Melissa McCarty de nous offrir un joli numéro), que les « guest stars » nous distraient (mention spécial à Ron Howard, délicieux), et que, sans surprise, la réapparition de l’immense Meryl Streep à la fin déverse une lumière magnifique sur une conclusion qui sauve toute l’affaire.

Mais, vu qu’on est passé très près de « la saison de trop », cette fois, c’est avec beaucoup d’inquiétude que l’on découvre sur les dernières images un nouveau cadavre à l’Arconia. Les plaisanteries les meilleures…

Eric Debarnot

Only Murders in the Building – Saison 4
Série TV US de John Hoffman et Steve Martin
Avec : Steve Martin, Martin Short, Selena Gomez, Meryl Streep…
Genre : comédie policière
10 épisodes de 30 minutes mis en ligne (Disney+) de août à octobre 2024