[Paramount+] « Tulsa King – Saison 2 » : la belle vie…

Par rapport à toutes ces séries qui veulent capturer notre attention en nous surprenant, en nous bousculant, en faisant monter la tension, Tulsa King se distingue par son approche très décontractée de la saga mafieuse, délocalisée dans l’Amérique profonde. Et ne manque pas de charme.

Tulsa King 2
Copyright Brian Douglas/Paramount+

Si on est cynique – ce que nous ne sommes pas, heureusement -, on peut imaginer la réunion des marketeurs et des financiers de chez Paramount+ qui a donné naissance au concept de Tulsa King, l’une des quelques séries ayant servi à annoncer le lancement de la plateforme en France : à partir d’une idée pondue par une IA à partir de concepts « vendeurs » qui ont nourri sa « réflexion », ils se accordés pour dire « Tiens, on va plonger un maffieux sorti des Sopranos dans l’Amérique rurale des cowboys, avec une petite dose de Sons of Anarchy par là dessus ». Et, immédiatement ensuite : « On va choisir un dinosaure du cinéma de papa – pas trop cher, si possible – qui puisse incarner sans trop se forcer (pas de numéro d’acteur, SVP !), justement, un personnage de dinosaure… ».

Tulsa King 2 afficheLe résultat – la première saison de la série, avec un Stallone de retour sur les petits écrans -, a été à peu près au niveau des « attentes » : un début sympathique en forme de comédie plan-plan sur le décalage entre un boomer ayant passé de trop longues années en prison et le monde d’aujourd’hui, puis une histoire pas trop convaincante de construction d’un business « mafieux » dans la belle (?) ville paumée de Tulsa (Oklahoma), culminant dans un affrontement (trop) aisément résolu avec un gang de motards brutaux. Avec une grosse scorie, une histoire d’amour maladroite, voire stupide, entre notre « parrain » et une agente locale du FBI.

Les scénaristes de Taylor Sheridan se sont heureusement aperçus de leurs bévues, et ont corrigé la plupart des défauts de leur première saison dans cette nouvelle bordée de 10 épisodes. Exit, très rapidement, l’agente du FBI (envoyée en Alaska !), remplacée par une nouvelle amoureuse beaucoup plus crédible (Danna Delany, ex- Desperate Housewive, lumineuse). Même amélioration du côté des antagonistes, puisque Dwight (Stallone) et sa clique affrontent à la fois leurs anciens employeurs de New York, une équipe mafieuse compétitive, un puissant propriétaire local (Neal McDonough, délicieusement haïssable) et un gang de Chinois particulièrement violents. Bref, de quoi faire monter en puissance la partie thriller de Tulsa King, qui semble même déboucher à un moment sur un véritable drame avec l’explosion d’une voiture piégée…

Mais, soyons honnêtes, ni le drame, ni la tension du thriller ne font réellement partie de l’ADN d’une série qui ne fonctionne jamais aussi bien que dans la bonhommie, les plaisanteries entre potes, et les plaisirs « simples » de la vie. C’est quand Stallone laisse percer sa bonne humeur, son plaisir même – synchrone avec celui de son personnage retrouvant le goût de la belle vie, de la famille, de l’amour après des années de prison – que la série prend réellement tout son sens, et qu’elle nous devient chère. Les histoires de famille, les réconciliations entre parents et enfants, les choses que l’on fait pour ses vrais amis, les moments passés avec des proches à boire, plaisanter, écouter de la musique live, l’amour des chevaux, les blagues autour d’un joint ou d’un gâteau parfumé à l’herbe, le choix d’une nouvelle voiture,… toutes ces choses qui font que « la vie est belle » nourrissent la série d’une manière finalement très inhabituelle, et compensent le manque de réalisme de la partie « gangsters », qui semble toujours « hors sol ».

On rêve que Sheridan, Stallone et leur équipe investissent plus encore sur le côté « doux » de leur création, dans les saisons suivantes. Evidemment, la dernière scène du dixième épisode fait l’inverse, et laisse croire que Tulsa King va monter en intensité. Espérons très fort que ce ne sera pas le cas.

Eric Debarnot

Tulsa King – Saison 2
Série US de Taylor Sheridan
Avec : Sylvester Stallone, Martin Starr, Jay Will, Domenick Lombardozzi, Danna Delany…
Genre : Policier, Drame, Thriller, Comédie
10 épisodes de 40 min environ mis en ligne (Paramount+) de septembre à novembre 2024

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