Un peu moins réussie que la première saison, la suite des aventures de Kate et Hal Wyler, pris dans la tourmente d’une attaque terroriste contre la Grande-Bretagne, se rachète dans sa dernière partie, avec ces coups de théâtre spectaculaires qui transforment le téléspectateur en accro de la série !
C’est peu de dire que, fans de la forme sérielle inventée par Aaron Sorkin pour embarquer ses téléspectateurs dans les arcanes du pouvoir, la première saison de La diplomate de Debora Cahn nous avait emballés. 18 mois plus tard, ce n’était pas simple de poursuivre au même niveau de qualité, et de terminer (?) la passionnante histoire de jeux politiques entre US et Royaume-Uni (et Russie, aussi, pour le coup) autour d’une attaque terroriste menée contre un vaisseau de la flotte britannique. Et de fait, le démarrage de cette seconde saison, de 6 épisodes seulement (par rapport aux 8 de la première saison), s’avère assez décevant…
… Nous sommes dans ce que les anglophones appellent « l’aftermath » (l’après-coup) d’un nouvel attentat, à la voiture piégée cette fois et en plein Londres, visant directement Hal Wyler (Rufus Sewell) et l’informateur qu’il allait rencontrer pour découvrir les commanditaires de l’attaque contre la flotte, et dont Kate Wyler (Keri Russell), l’ambassadrice des Etats-Unis à Londres, soupçonne qu’elle n’est ni le fait de l’Iran, ni des Russes…
Nous entrons donc de plain pied dans une situation de panique générale, avec la mort potentielle, ou au moins des blessures graves, de personnages-clé de la série. Ce qui veut dire pas mal de « sentimentalisme » en perspective, soit quelque chose de très loin de l’ADN très intellectuel, très « théorique » de La diplomate. Quelque chose qui ne fonctionne pas très bien : très sincèrement, nous ne regardons pas cette série pour voir des hommes et des femmes pleurer et souffrir, mais pour regarder des êtres super-intelligents et quasi monstrueux se livrer des combats titanesques par la parole et la pensée !
Bref, il y a une sorte d’antichambre à franchir cette fois, disons des deux premiers épisodes, avant de retrouver l’hystérie stressante que l’on chérit tant dans cette série, et les coups de billard à trois bandes (non, à quatre, cinq, six bandes, en fait), les trahisons et les mensonges à foison, les manipulations perverses, le tout mené à un rythme d’enfer. Il faut également prendre en compte qu’il y a beaucoup moins d’éléments de « thriller » dans cette suite, qui tourne principalement autour de la découverte de la vérité sur une conspiration à l’impact géostratégique mondial. On peut d’ailleurs trouver que les « petites histoires de couples » qui perdurent – hormis celle, essentielle, de Kate et Hal – constituent une diversion inutile par rapport à l’intrigue centrale, mais sans devenir réellement gênantes.
Mais c’est lorsqu’apparaît le personnage de Grace Penn, la Vice-Présidente des Etats-Unis, que La diplomate retrouve sa grandeur : Allison Janney (une bonne actrice de seconds rôles, vues des dizaines de fois, à qui on donne enfin sa chance de briller en interprétant un personnage fort…) est absolument grandiose, et avec son irruption au milieu du jeu, les scénaristes peuvent sortir leur carte maîtresse, dans une scène finale de la série qui coupe littéralement le souffle.
Bref, on est toujours accros !
Eric Debarnot