Le groupe Helvète Coilguns a trouvé dans sa musique svelte, une inspiration qui semble renouveler la capacité du quatuor à toujours nous surprendre. Un disque qui revigore et redonne de l’espace (vital) dans ce monde étriqué.
Devant la précipitation des sorties en cette fin d’année, autant obtempérer, les oreilles aux aguets. C’est souvent si près du but, avec l’énergie massive d’une ultime propulsion, que la musique contenue dans le nouvel album de Coilguns, dont on peut aisément faire des éloges, arrive en guise de conclusion, avec ce nouveau disque qui pourrait résumer par son titre, l’ambiance dans laquelle notre monde s’est enfoncé.
Nous avons tous les ingrédients du Post-Hardcore et nous en connaissons les spécificités, et c’est depuis la Suisse que Coilguns insuffle ses rafales électriques, et depuis Commuters sorti en 2013, quelque chose s’est transformé musicalement, une évolution vers une fougue toujours aussi dense mais avec comme marqueurs cette capacité à changer de tempos en un laps de temps très réduit, ok des groupes comme The Dillinger Escape Plan, At the Drive-In se sont spécialisés dans cet exercice, accélérations soudaines et chavirement.
We missed the Parade est une torpille qui trouve à sa conclusion soit à 3 minutes 38 secondes dans une montée phénoménale réglée au cordeau. Le groupe se permet toutes les fantaisies (Placeholders avec sa chorale de sifflets) jusqu’à rendre le refrain secondaire. Aucune excuse, Coilguns n’est pas là pour faire dans la décoration. Plus on avance dans l’album, plus les guitares de Jonathan Nido foisonnent de néologismes musicaux. Black Chyme est une exception, la tessiture vocale de Louis Jucker est telle qu’elle remplit toute l’étendue instrumentale qui échafaude ce chaudron débordant de véhémence.
Le soin apporté à la production est à la hauteur du combustible que le groupe répand partout et dans toutes les directions, Venetians Blinds est d’une âpreté qui confère à Coilguns le statut de maestro. Il suffit d’aller au bout pour que le couperet soit identifiable avant même que le groupe remette de façon retors, une autre pièce dans la machine. Quelques détours « Deftoniens » et bingo ! Odd Love reprend sa cavale sans la moindre interruption, 48 minutes qui nous démontrent le potentiel d’un groupe qui a clairement écumé la scène internationale et qui a dans sa besace, de véritables compositions comme munitions. Ce canon magnétique propulse bien plus que du métal, une armada de fer, d’acier. La Suisse peut se targuer d’une scène en pleine ébullition.
Odd Love s’écoute d’une traite, on en ressort remplis d’une énergie furibonde, qui transmet de manière quasi-automatique, toutes les forces capables de délivrer de la pesanteur.
Franck Irle