[Interview] Dead Chic : « créer des paysages, des atmosphères… »

Dead Chic sont-ils un groupe français, dans la mesure où leur chanteur est Andy Balcon, un anglais, résidant à Londres ? Est-ce que cette question est intéressante, en fait ? Parce que quand on se prend en pleine face leurs deux EPs et maintenant leur premier album, il est évident que les étiquettes valsent de la plus belle manière qui soit ! En tous cas, on a rencontré Damien Félix, le co-fondateur du groupe, pour comprendre mieux qui ils sont…

Dead Chic Photo Tristan Pilat
Photo : Tristan Pilat

Benzine : Tu peux nous raconter les origines de Dead Chic ?

Damien : Dead Chic, à la base, c’est Andy Balcon et moi. On se connait depuis un moment, on a tourné tourné tous deux dans plusieurs groupes. Andy a tourné dans Heymoonshaker, un duo blues garage, il faisait la guitare et le chant, et il y avait un beat boxer avec lui. Moi je jouais dans un autre duo, Catfish, et on s’est croisés assez régulièrement sur la route, c’est arrivé qu’on soit programmés sur les mêmes événements. On s’appréciait, sans être très proches. En 2020, je l’ai contacté pour lui proposer une collaboration. J’aimais sa voix et son univers, je sentais qu’on pourrait travailler ensemble, sur une esthétique qui nous correspondrait à tous les deux. Je lui ai envoyé une première démo, pas complète même si l’atmosphère était posée, avec une idée de couplet et de refrain. Il m’a renvoyé un premier essai de chant. Et à l’instant où j’ai entendu sa voix sur la maquette, j’ai pris une petite claque ! J’ai récupéré cette voix, et retravaillé le morceaux. On a fait comme ça, en travaillant à distance… et ça a été notre premier titre, Too Far Gone… le début du groupe sous sa forme officielle ! La première fois qu’on s’est vus, c’était pour le tournage du clip de Too Far Gone

Benzine : Tu es originaire du Jura, c’est ça ?

Damien : Oui, d’un tout petit village dans le Haut-Jura, en moyenne montagne, entre Genève et Besançon.

Dead Chic 2 Tristan PilatBenzine : Et Andy ?

Damien : Il est basé à Londres, mais il vient du Nord de l’Angleterre, du côté de Leeds. Donc, au bout d’un moment, on s’est demandé qui pourrait jouer avec nous. J’ai pensé à Mathis Bouveret-Akengin avec qui j’avais travaillé pendant les dernières années de Catfish, un jeune claviériste impressionnant qui a la culture du son qu’on fait, les Hammonds, les Farfisas. A la batterie, on a un autre musicien impressionnant qui s’appelle Rémi Ferbus, qui avait travaillé avec Andy sur un autre projet. ça a vraiment bien marché début 2022, et très vite ça a pris, on est allés à Bastion enregistrer cette Bastion Session.

Benzine : A l’écoute de ce premier EP, j’avais cru trouver des échos d’un groupe important pour moi, le Gun Club. C’est une référence que tu as ?

Damien : Non, ce n’est pas une référence que j’ai, mais je comprends ce que tu veux dire, le côté vaudou, incantatoire, amené par la voix d’Andy, son côté preacher, chamanique. On cherche les grosses dynamiques, les moments d’explosion, et puis construire de la tension

Benzine : Alors, ce serait quoi tes références à toi, et celles d’Andy ?

Damien : Au départ de ce projet, on ne s’est pas donné avec Andy de références particulières, si ce n’est celle d’Ennio Morricone. On a échangé beaucoup d’images, sachant qu’on avait a peu près le même terreau : on voulait créer des paysages, des ambiances, plutôt des grands espaces. Personnellement, j’ai été très marqué par Anna Calvi. Par Nick Cave, aussi, comme tout rocker qui se respecte ! Soit des musiques très évocatrices, qui te font partir dans un voyage… On a été pas mal influencés par une certaine Soul. Des musiques où il faut que ça transpire, que ça suinte…

Benzine : En tous cas, l’impact que vous créez avec votre musique est très fort. Est-ce que vous avez le sentiment que quelque chose se passe autour de Dead Chic ?

Damien : On en est toujours au développement du groupe, mais on ressent en tous cas un vrai engouement du public. Et ça c’est vraiment un plaisir : à chaque concert, en toute humilité, on sent que quelque chose se passe. On cherche à ce que chaque concert soit un événement particulier, et que les gens nous renvoient aussi quelque chose. Les graines qu’on plante un peu partout germent pas mal, les gens qui nous aiment nous suivent. A l’étranger, aussi : on était en tournée en duo avec Andy en Angleterre, en ouverture de Nouvelle Vague, et ça s’est très bien passé. On a des campagnes de presse où aux Etats-Unis où nos morceaux sont diffusés. En Turquie aussi, c’est un pays qui nous intéresse, Mathis, le claviériste, est d’origine turque. Il y a pas mal de bons signaux pour nous…

Dead Chic 3 Tristan PilatBenzine : Serenades & Damnation, votre premier album, marque une évolution notable par rapport aux EPs de vos débuts, une sorte d’ouverture de votre musique vers d’autres formes. Est-ce que c’est quelque chose de voulu ? Qu’est-ce qui motive cette évolution ?

Damien : Pour moi qui connais notre album et nos précédents EPs sous toutes leurs coutures, dans leurs moindres recoins, je n’y vois pas un changement radical en termes de direction, mais plutôt une évolution naturelle et logique. L’ouverture dont tu parles était déjà sous-jacente avant, nous l’avons poussée plus loin simplement. Et oui, c’est voulu, bien sûr. Nos précédentes sorties nous ont permis de dessiner une identité sonore. Avec cet album nous avons voulu l’affirmer encore plus en prenant des partis-pris et en faisant des choix bien tranchés. L’écriture s’est affinée aussi, pour arriver à quelque chose de plus abouti, mais fidèle à ce que nous avons fait jusqu’ici…

D’un point de vue personnel, j’écoute et je fais du rock depuis longtemps mais mes sources d’inspirations viennent de moins en moins de cette musique. C’est rafraîchissant d’aller chercher ailleurs, vers des horizons moins attendus. Et puis, c’est excitant de s’essayer à d’autres formes mais toute la difficulté est de ne pas se perdre, de veiller à garder son identité. Je pense que tout groupe, tout artiste, quel que soit le domaine, cherche à évoluer. Faire la même chose tout le temps, ça peut vite être ennuyeux. Tout en restant soi-même, c’est important.

Benzine : Il a été enregistré où ça ?

Damien : On est retournés au Black Box studio, à côté d’Angers. On y avait enregistré notre EP The Venus Ballroom, on avait apprécié le travail de Peter Deimel, qui maîtrise parfaitement son studio, avec une esthétique de prise de son qui nous correspond parfaitement. L’album a été mixé par Flavien Van Landuyt, qui a aussi mixé le EP, et qui comprend parfaitement où on veut aller…

Benzine : Maintenant que cet album existe, et qu’il reçoit des critiques louangeuses, comment voyez-vous le futur de Dead Chic ?

Damien : Pour nous, c’est très simple, nous pensons au 2ème album. Nous sommes en train de définir notre prochain cadre de jeu. Nous nous sommes toujours donnés comme point de départ une imagerie, un cadre visuel qui nous permet de produire notre musique en fonction de ça, pour donner telle ou telle sensation. Nous pensons avoir trouvé ce nouveau cadre mais ce sera pour un prochain article. Et en attendant, nous avons à jouer cet album sur scène et en sommes particulièrement ravis !

Propos recueillis par Eric Debarnot
Photos : Copyright Tristan Pilat

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