Ce samedi soir, le Paris Pop Fest donnait à entendre des Américains rêvant d’Angleterre (The Smashing Times), des Ecossais rêvant d’Amérique (Dropkick). Mais ce sont les valeurs collectives des Parisiens de EggS qui ont emporté le morceau.
En ce samedi soir, le Paris Pop Fest proposait un triplé rock Baltimore/Ecosse/Paris au FGO-Barbara…
C’était donc aux Smashing Times, power trio de Baltimore ayant déjà fait le Paris Pop Fest 2023, d’ouvrir le bal. Soit de la ligne claire entre Sarah Records et Lloyd Cole, un peu de Velvet versant There She Goes Again et une Rickenbaker. Le béret de la bassiste évoquait un de ces films américains dans lesquels une aspirante artiste en portait un pour se donner un air frenchy (et donc artiste, excentrique…). Un concert donnant un sentiment de sympathique bulle temporelle.
Lorsque les vétérans écossais de Dropkick – en activité depuis 2001 – arrivent, c’est toujours un format power trio avec cette fois un batteur qui est aussi chanteur. On sent le métier dans la manière de se mettre le public dans la poche en parlant entre morceaux. De ce pont de vue, c’est l’antithèse du Zénith taiseux des Fontaines DC. Le groupe plaisante sur le Brexit.
L’encouragement à acheter un album qui sortira en 2025 mais est déjà en vente après le concert sera utilisé en mode comique de répétition. Le groupe rend hommage Paris, ville la plus stylée du monde, et envoie ses salutations aux Smashing Times et à EggS. Musicalement, le groupe semble inspiré par Tom Petty et Big Star. Il rêve d’Amérique un peu comme les Smashing Times rêvent d’Angleterre cuvée 1985. Encore une fois un concert plaisant sans être génial.
Parce que le format de la scène allait comment un gant à ces groupes en trio, on se demande alors comment EggS et ses membres nettement plus nombreux vont l’occuper. Des trois groupes, les Français sont les seuls à se réapproprier leurs modèles musicaux, et ils seront le plat de résistance attendu. L’effet d’entassement produit par la scène va encore plus mettre en valeur la dynamique collective du groupe.
Chaque membre (musiciens, choristes…) a ici sa petite intervention, son moment à lui dans un morceau sans avoir besoin d’un de ces fameux intermèdes en solo pour rappeler qu’un groupe n’est pas que son/sa leader. Charles Daneau a des airs de capitaine d’équipe ne mettant pas en avant son égo. Le micro de la choriste qui ne marche pas sera en outre un sujet de plaisanterie du set. Set dont le seul défaut est d’être trop court même si le groupe a fini par obtenir le droit à un morceau supplémentaire.
Et l’on regagnait l’hiver parisien après cette belle démonstration d’esprit d’équipe.
Texte: Ordell Robbie
Photos : Robert Gil