5+5 = les disques préférés de Mustang

Mustang, groupe français inclassable dans son grand écart entre chanson française dérangeante et rock costaud, est une belle énigme, et on s’est dit qu’une manière de la comprendre était de les interroger sur ce qu’ils écoutaient. Et que trouve-t-on dans leur 5+5 ? De la chanson française dérangeante et du rock costaud. Mais pas que…

Mustang Photo Minhia Defoy (8)
Photo : Minhia Defoy

5 disques du moment :

Philippe Katerine – Zouzou

Jean Felzine : J’ai un rapport un peu contrarié à Katerine, un coup je le trouve l’égal de Trenet, un coup il me gonfle avec ses clowneries systématiques et sa roublardise. Il commence à être un peu prévisible… Reste qu’il est un très fin musicien et chanteur, toujours exigeant avec ses mélodies, et qu’il a dépoussiéré la chanson française d’une tonne de sédiment préhistorique (les affèteries poétiques, la pudeur, les soi-disant « grands sujets » etc). En ce sens, c’est vraiment un jalon dans la discipline, comme Trenet justement, Gainsbourg, Fontaine etc.

Marie Klock – Marie Klock

Jean Felzine : L’album date un peu, mais c’est un de ceux de chanson française que je préfère ces dernières années. Comme Katerine qu’elle pourrait bien détrôner un jour (elle a l’air plus méchante et plus scato que lui et tant mieux), elle compose de super mélodies pour accompagner ses punchlines. Depuis le temps que j’attendais une chanteuse française qui sorte un peu de sa chambrette d’ado pour balancer des trucs comme « tous ces bandeurs mous qui n’arrivent pas à me la mettre » !

Fat White Family – Forgiveness is Yours

Johan Gentil : De tous les groupes anglais sortis ces dix dernières années, c’est à mon sens le plus intéressant. En particulier avec ce disque. Toujours plus chaotique, mais c’est un chaos plus maitrisé. Pleins de petits arrangements raffinés, sans que cela en est l’air. Le disque est très sombre au début, et plus léger vers la fin. Surprenant. Et c’est agréable d’être surpris par un groupe de rock, qui ne tombe pas dans les clichés en tout genre.

Warhaus – Karaoke Moon

Nicolas Musset : Projet solo du chanteur de Balthazar, il fait du bien dans un registre folk un peu crooner, avec une production très léchée. On reconnaît tout de suite sa signature vocale. Très inspirant comme album, qui prend le temps aussi sur certains morceaux. Avec des arrangements de cordes très réussis. Et une punchline sur Jim Morrison très appréciée !

Lola Young – This wasn’t meant for you anyway

Nicolas Musset : Album très addictif ! J’adore cette artiste, tellement british. Album très bien produit aussi, qui prend toute l’ampleur des chansons et les développe de manière dynamique. Les textes sont aussi assez personnels et sans « bullshit ». Un album qui accompagne toute la journée. Et un instant classic avec Messy !

 

5 disques pour toujours :

Suicide – Suicide

Jean Felzine : C’est pas très original mais bon, quand je l’ai découvert vers 17 ans j’avais l’impression d’avoir attendu (et entendu dans ma tête, dans le bruit des trains, des machines à laver, des chaudières) cette musique toute ma vie. J’adore les albums suivants aussi, plus produits, mais il n’ont pas le même mojo, cette densité suffocante zébrée de petits coups de cutter (la main droite de Martin Rev). C’est toujours une expérience fascinante de le réécouter.

Rolling Stones – Exile on Main Street

Jean Felzine : J’ai eu le flash assez tard sur les Stones, dans la vingtaine, avec une petite amie qui était folle d’eux et de ce disque. J’ai donc copieusement baisé sur cet album abyssal, ça laisse quelques stigmates. Chaque chanson pourrait être la dernière tant l’interprétation est intense d’un bout à l’autre. Je le dis souvent mais dans le débat Beatles/Stones, je préfère me chanter les chansons des premiers pour le répertoire, et écouter les disques des seconds pour la performance. Pourtant c’était pas les musiciens anglais les plus naturellement doués de leur génération, mais à un moment ils ont vraiment réussi à se surhommiser !

Iggy Pop – The Idiot

Johan Gentil : Il fait partie d’une poignée de disques sur lesquels je reviens très régulièrement. J’aime dire que c’est le parfait mélange des couleurs chaudes et froides : guitares et synthés, balades et rocks, lyrisme et avant-garde.  LE disque audacieux et intemporel à la fois. J’ai beau le réécouter, je ne lui vois pas un seul défaut, un seul bémol. Mention spéciale pour le final Mass Production, ses paroles cryptées et son synthé qui donne le tournis à la fin de la chanson. Toujours une énorme source d’inspiration, à tous les niveaux. Je ne m’en suis jamais remis.

Ghana Special : Modern Highlife, Afro Sounds & Ghanaian Blues 1968-81

Johan Gentil : Excellente compilation de highlife que j’ai découvert il y a un peu plus de dix ans. Parfait pour tous les clients de musique afrobeat, qui, comme moi, aiment remonter aux sources. Et lorsqu’on creuse un peu, on se rend compte que pas mal de titres de cette compilation ont été samplés par la suite. Ça ne peut donc pas être mauvais ! Bien sûr, il y a ces grooves incroyables qui mélangent rythmes traditionnels et funk. Mais j’ai surtout un gros faible pour ces sons d’orgues bon marché comme sur Obi Agye Me Dofo. Une mine d’or.

Queens of the Stone Age – Songs for the Deaf

Nicolas Musset : Bon petit pavé dans l’histoire du rock à guitares… Pour moi c’était la découverte des riffs imbriqués, des guitares accordées différemment, se mêlant au placement pop de la voix de Josh Homme. Avec de surcroît Dave Grohl derrière les fûts, génie de la batterie : son fameux fill triolet sur les toms, et ses flas. Production très recherchée aussi, avec des batteries très sèches, un album au parti pris assez mono, des guitares très médiums. Un Classic !!

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