Le Japon en déroute, des combats aériens et des kamikazes, le sujet a déjà été traité en manga, nous suivons la constitution d’une unité d’élite rassemblant les derniers as nippons. Un récit qui mêle héroïsme et intensité historique.
L’extraordinaire Sengo de Sansuke Yamada, chez Casterman, mettait en scène deux anciens soldats nippons errants dans une ville anéantie, sidérés d’avoir échappés à la boucherie. Le Pilote sacrifié de Shoji Kokami, chez Tonkam, mettait en scène les souvenirs, authentiques, d’un pilote de kamikaze qui refuse de se sacrifier, tout en acceptant de se battre. Soumis au code guerrier du bushido, le héros de 343 Sword Squad n’aspire qu’à se jeter sur un navire afin de faire reculer l’ennemi. Le ton est, du moins pour le premier tome, résolument nationaliste et belliqueux.
Souichi Sumoto s’inspire de faits réels. En janvier 1945, alors que les forces américaines s’approchent de l’archipel nippon, le capitaine de vaisseau Minoru Genda, l’homme qui a conçu et dirigé l’assaut aérien sur Pearl Harbor, craint que les bombardiers lourds ne s’attaquent aux villes japonaises, alors sans défenses. Il obtient de rassembler les derniers as de l’aéronavale dans une unité d’élite, le 343 kōkūtai. Kanno Naoshi est l’un d’eux. Il commence par refuser son affectation, qu’il considère comme une planque. Or, la guerre est perdue. L’idée que, tels des samouraïs, une poignée de héros puisse repousser les hordes d’envahisseurs est romantique et, probablement aristocratique, mais n’a aucun sens dans une conflit moderne. Ce sera, j’imagine, le sujet des volumes suivants.
Le dessin est classique, mais efficace. Les combats aériens sont rares, mais convaincants. Les avions et les décors sont réalistes. Les bruitages, les « bangs », « boums » et autres « tchak », ont été conservés en japonais ce qui confie à l’album une sympathique touche d’exotisme. Les personnages sont martiaux en diable et, alors que la Japon s’effondre, l’exaltation guerrière est encore perceptible. À suivre…
Stéphane de Boysson
343 Sword Squad, volume 1
Scénario et dessin : Souichi Sumoto
Éditeur : Delcourt Tonkam
176 pages – 8,50 €
Parution au Japon : 2020
Parution en France : 9 octobre 2024
343 Sword Squad, volume 1 — Extrait :
