Portée par une Laure Calamy au top de sa forme, la passionnante mini-série Une amie dévouée revient le parcours de cette femme mythomane qui s’inventa un ami et une histoire autour du drame du Bataclan en 2015.
Adapté du livre enquête La mythomane du Bataclan, signé Alexandre Kauffmann (Editions Goutte d’or, 2021), la mini-série Une amie dévouée retrace le parcours de Chris, une femme qui va s’investir corps et âme pour l’association de victimes « Stand For Paris », laissant croire qu’elle a un ami hospitalisé qui était présent au Bataclan lors des attentats de novembre 2015.
Cette fiction inspirée de faits réels est une fascinante plongée dans la psyché d’une femme mythomane qui va se laisser dépasser par son propre mensonge, et va finir par se faire démasquer à force de pousser le bouchon toujours plus loin, de s’enfermer dans un délire où, étrangement, tout n‘est pourtant pas à jeter.
Avec, dans le rôle titre, Laure Calamy (épatante de bout en bout), cette mini-série se révèle passionnante, car elle permet de comprendre très précisément comment la mythomanie peut entraîner des situations et des parcours de vie aussi complexes et ambiguës que ceux racontés ici.
L’actrice révélée dans la série Dix pour cent déploie une belle énergie pour incarner cette femme à la fois généreuse et manipulatrice, cherchant à se faire une place au sein d’un groupe d’entraide, à devenir une personne importante, à se faire aimer et apprécier par celles et ceux qui l’entourent, jouant honteusement avec leurs sentiments et leur souffrances.
Le réalisateur Just Philippot réussit, de son côté, à montrer toute l’ambivalence de cette femme si seule au fond d’elle, enfermée dans ses mensonges, mais aussi désireuse de donner un sens à sa vie, de faire le bien autour d’elle, mais en utilisant la mauvaise recette.
Même si tout ne fonctionne pas parfaitement dans cette mini-série, on saluera malgré tout ce beau portrait de « femme en perdition », en manque d’amour et de reconnaissance, qui finira par faire autant de bien que de mal autour d’elle, mais en étant toujours persuadée qu’elle est dans le vrai, et que ses mensonges ne sont rien en comparaison de l’aide, de l’écoute et de la bienveillance qu’elle apporte aux rescapés du Bataclan, et à ceux qui ont perdu un proche dans la tuerie.
Benoit Richard