Film caractéristique de la période de Noël, Carry-On prouve qu’il n’y a pas que les productions Netflix qui sont déficientes, et nous ferait même regretter les polars bas du front avec Liam Neeson. Un comble !
On sait bien qu’à l’approche des fêtes de fin d’année, les films familiaux, par nature plus anodins que divertissants, fleurissent sur les plateformes. Et que, bien entendu, Netflix donne le « la » dans le genre (même si les années précédentes, ils ont réussi à nous surprendre avec des jolies petites réussites comme Don’t Look Up ou Glass Onion…). Peu de choses à attendre d’un « thriller de Noël » (un mélange de genre original, quand même), même si le nom de l’espagnol Jaume Collet-Serra, qui a donné plusieurs coups de main à Liam Neeson sur ses polars alimentaires, laisse au moins espérer un minimum de professionnalisme. Et puis on repère d’entrée – grosse surprise – que Carry-On n’est pas un film Netflix, mais bien une production Amblin, encore un autre signe rassurant (Amblin ont apparemment signé un deal de distribution de quelques films avec la plateforme…).
Il nous va falloir néanmoins déchanter, la LOOONGUE introduction du film, avant que quelque chose se passe, se révélant terriblement plate, sans même parler des difficultés que Taron Egerton (qui nous avait bluffé dans Black Bird, ne l’oublions pas…) rencontre pour incarner de manière crédible un agent de sécurité démotivé de l’aéroport de LAX. Quand déboule le GRAND MECHANT de l’histoire, joué par un Jason Bateman complètement à côté de la plaque, il se confirme que le gros problème de Carry-On va être son interprétation, ou, plus exactement, ses erreurs de casting : le pétulant Egerton ne sait pas être un homme ordinaire, tandis que Bateman est incapable de faire peur à qui que ce soit, même avec une arme biologique entre les mains. Quant à Sofia Carson, en dépit de son charme latino-américain, elle n’a clairement pas l’étoffe d’une actrice.
Avec une telle équipe, et sur un scénario convenu, mais néanmoins plein de trous et d’aberrations logiques, qui nous laisse progressivement sur le tarmac, il n’y a pas grand chose que Collet-Serra puisse faire pour sauver son film, qui semble littéralement ronronner, en dépit de la tension que voudrait générer son sujet rebattu (encore une conspiration du lobby militaro-industriel pour récupérer des fonds gouvernementaux – pardon, c’est un spoiler, mais, honnêtement, tout le monde s’en fiche !). Arrive le pire moment d’un film qui en comporte pourtant de nombreux mauvais, un accident de voiture visiblement créé digitalement, aussi laid que totalement artificiel : on se demande comment Collet-Serra a accepté de mettre son nom là-dessus !
On en arrive alors à regretter les polars bas du front et bas de gamme de Liam Neeson… c’est dire !
Eric Debarnot