Dans un documentaire en 4 épisodes, signé Fred Garson, diffusé sur HBO Max, on redécouvre les dessous de l’affaire Kerviel, pour tenter de comprendre comme on a pu en arriver là. Edifiant !
Le nom de Jérôme Kerviel restera pendant longtemps associé à la crise financière de 2008, au scandale de la Société Générale, mais aussi comme le symbole d’un système bancaire qui devient sans limite, laisse faire tout et n’importe quoi, pourvu que ça rapporte.
Dans ce documentaire en quatre parties, proposé par la chaîne HBO Max, Fred Garson nous propose de revenir sur l’histoire de Jérôme Kerviel, ce trader parti du bas de l’échelle pour devenir celui qui a fait trembler le monde de la finance à la fin des années 2000.
Le principal intérêt de cette série est sans doute de donner la parole à quasiment toutes les personnes ont été partie prenante dans cette affaire, a commencer par Jérôme Kerviel himself. Plus de quinze après les faits, il va se confier sur la manière dont il a vécu la faillite de la Société Générale.
Tout démarre, lorsque le président de la banque annonce une perte de 50 milliards d’euros avec la question cruciale : comment éviter un énorme crack financier en France ?
Pour comprendre comment on a pu en arriver là, le documentaire va remonter le temps pour nous plonger au cœur de cette banque, la Société Générale, dans cette salle des traders où Jérôme Kerviel est devenu au fil des années une vedette. Un garçon qui s’est laissé griser petit à petit par un jeu ; un jeu dont il va devenir complètement accro, qui consiste à faire gagner un maximum d’argent à l’entreprise qu’il emploie… Son succès, il le doit à sa méthode, une martingale consistant à aller à contre-courant de ce que font les autres traders en termes d’achat et de vente d’actions.
Quand le scandale est découvert, la banque va tenter de faire porter le chapeau entièrement à Jérôme Kerviel, se dégageant de toute responsabilité. Mais selon les dires de quelques témoins, il est impossible que la banque n’ait rien vu : elle a probablement laissé faire le trader, trop contente qu’il rapporte autant d’argent chaque année.
Construit comme un polar, les quatre parties de ce documentaire se regardent avec beaucoup de plaisir et de curiosité, et permettent de comprendre comment fonctionne ce système bancaire, grâce aux nombreux témoignages, et surtout grâce a la personnalité de Jérôme Kerviel, un garçon complexe, dont le profil ne ressemblait en rien à celui des traders traditionnels.
Dans la dernière partie, on suit les démêlés judiciaires de Kerviel, les problèmes avec ses avocats qui voulaient tirer la couverture à eux, mais aussi les coups de poker tentés par le trader, comme cette marche qu’il entreprend après avoir rencontré le Pape. Un coup de bluff pour tenter de renverser l’opinion en sa faveur.
Tout çela, évidemment, accentue la dimension romanesque de l’histoire de ce garçon, qui aujourd’hui a tout perdu. Condamné à rembourser la Société Générale, il noie son spleen en parcourant les bords de mer de sa Bretagne natale… en espérant – pourquoi pas ? – une révision de son procès en sa faveur.
Benoit Richard