Ce fut une belle année 2024 en matière de rap & hip hop, avec des poids lourds au rendez-vous (Tyler the Creator, Kendrick Lamar, JPEGMAFIA, Denzel Curry…) mais aussi avec de belles surprises comme Rome Streetz & Daringer, Doechii ou Joey Valence & Brae.
Voici nos 10 albums coup de coeur en matière de rap et hip hop en 2024 :
Tyler the Creator – Chromakopia
Aussi à l’aise pour faire un tube en puissance R&B solaire comme Darling, I que pour clore son album sur une sorte de procession organique (I Hope You Find Your Way Home), Tyler est clairement au sommet de sa carrière et n’a qu’à surfer sur ses capacités d’orfèvre de la production désormais pour lâcher ses textes aussi sombres que l’est sa voix. L’évolution du garçon est aussi impressionnante que somme toute logique. Tout était là depuis le début, il a simplement fallu dompter la bête. Un peu du moins.
Kendrick Lamar – GNX
Plus brut que tout le reste de sa discographie, GNX ressemble à un cliché instantané d’un moment précis dans la carrière de son créateur, là où des Good Kid M a a d City et To Pimp A Butterfly sont passés à la postérité grâce à leur intemporalité. Dans la forme, on se rapproche ici de DAMN. sans le côté conceptuel. Le fruit d’une époque où tout va vite, où tout est bruyant, où tout est brûlant. Et encore une fois, Kendrick parvient à taper dans le mille.
Schoolboy Q – Blue Lips
Kendrick parti du navire TDE, Schoolboy Q fait désormais figure de tête d’affiche numéro un de l’émérite label. Pas de quoi perturber le Californien qui ne compte pas changer son fusil d’épaule pour autant. Une personnalité d’écorché vif jamais cachée et même assumée, tant elle transpire par tous les pores de sa musique à la fois abrasive et introspective, selon l’humeur. Ce nouvel opus ne déroge pas à la règle, et propose cette binarité entre d’un côté les titres écrits au lance-flammes sous ambiance électrique (Pop, Yeern 101, Pig Feet) et de l’autre des tracks downtempo, mood feutré sous samples jazzy (Blueslides, oHio). Si le contraste est parfois brutal, il maitrise les deux exercices tellement bien qu’il garde quand même le bon équilibre tout du long sans tomber dans la schizophrénie.
Rome Streetz & Daringer – Hatton Garden Holdup
Après quelques morceaux remarqués ensemble, Rome Streetz et Daringer s’associent cette fois pour un projet commun où la connexion entre le rappeur et le producteur parait naturelle. Ambiance fumeuse, gros beats boom-bap et un MC qui joue sa vie sur chaque titre. Les deux crapules proposent un disque old school sans être has been, un très bon cru Griselda. (Griselda Records)
Doechii – Alligator Bites Never Heal
On ne passe jamais chez TDE par hasard. La maison a élevé, révélé, fait exploser trop de talents et Doechii n’aspire qu’à marcher dans les pas des membres ou anciens membres du label. Quelque part d’ailleurs entre Kendrick Lamar dans les skills rap et SZA dans l’attitude femme forte du R&B, la palette proposée sur cette mixtape laisse pantois et ouvre des perspectives assez folles à sa créatrice. 19 titres sur 50 minutes pour faire le tour du proprio, ça part dans un sens (soulful et boom-bap de puristes), ça revient dans l’autre (kick colorée et bitchy d’une Nicki). Très prometteur.
JPEGMAFIA – I LAY DOWN MY LIFE FOR YOU
Le fascinant drôle d’oiseau qu’est JPEGMAFIA n’a pas spécialement envie de s’arrêter en si bon chemin de ses élucubrations musicales, lui le rappeur/producteur si friand d’ambiances alternatives. Ce nouveau projet est un brûlot bordélique, aux accointances rock évidentes où l’on doit parfois s’accrocher mais où la richesse de compositions n’inspire que le respect face à une telle force de création. Un artiste qui compte, indéniablement.
Freddie Gibbs – You Only Die 1nce
Petit cadeau d’Halloween de la part du mitrailleur Freddie Gibbs avec ce You Only Die 1ce, nouvelle occasion pour Fredo de prouver qu’il est l’un des cadors de l’ombre sur la scène rap depuis des années. Production très lounge et feutrée pour mettre en avant le flow supersonique et incisif du MC de l’Indiana. (AWAL Recordings)
Vince Staples – Dark Times
Si Vince Staples s’est montré d’une rigoureuse régularité sur la qualité de ses sorties, les dernières en date manquaient peut-être du sel supplémentaire pour les mettre au même niveau qu’un Summertime ’06, toujours mètre étalon de sa discographie. Ce Dark Times vient remettre les choses en ordre, porté par des productions à l’instrumentation impeccable. Moins aventureux qu’à ses débuts, le rappeur californien joue la carte de la sécurité mais trouve, avec cette ambiance vernie d’une couche de soulful, un terrain de jeu parfait pour son flow posé et son écriture désabusée mais si précise. Le format court est, de plus, une très bonne idée pour ne pas ramollir.
Joey Valence & Brae – NO HANDS
Un nouvel album des Beastie Boys ? Ou bien leurs enfants après eux ? Pas du tout. il s’agit du duo Joey Valence & Brae dont No hands est le second album. Précédé de quelques singles bien punchy, l’album vient confirmer la tendance avec un mélange hyper efficace de hip hop et de breakbeats avec des samples ravageurs un flow bien fun. Un ensemble joyeux et festif aux sonorités 90s, qui pourrait faire un malheur chez les vieux comme chez jeunes. Vous l’aurez compris, c’est la petite bombe du moment, un album qui va vous faire bouger la tète de bas en haut durant 31 minutes. Et sitôt terminé. vous n’aurez qu’une envie : vous le repasser encore une fois !
Denzel Curry – King Of The Mischievous South Vol. 2
Denzel Curry fait partie des rappeurs US les plus intéressants de ce dernières années. Son album Melt My Eyez, See Your Future sorti il y a deux ans était dans son genre déjà un petit bijou d’efficacité et d’inventivité. King Of The Mischievous South Vol. 2 est la suite de King Of The Mischievous South Vol. 1, une première mixtape sortie en 2012, alors qu’il n’avait que 17 ans. Depuis, le rappeur changé de statut . Entouré de prestigieux feat., le gars propose un disque ramassé (35 minutes), sans temps mort ,rempli de morceaux accrocheurs (HOT ONE, G’Z UP, COLE PIMP…) avec une palette de sons très variés, quelques samples bien sentis, et des lignés de synthés éthérées. So easy.